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02/10/2007 Gustav Mahler : Symphonie n°4 Anu Komsi (soprano), Radio-Sinfonieorchester Stuttgart des SWR, Roger Norrington (direction)
Enregistré en public au Liederhalle de Stuttgart (septembre 2005) – 52’49
hänssler CLASSIC 93.164 (distribué par Intégral)
Encore un nouvel enregistrement dans la pléthorique discographie mahlérienne ? Oui, et il est fort probable que cette tendance ne s’arrêtera pas de sitôt. Toutefois, il y a fort à parier que cette Quatrième de Mahler ne sera pas du goût de tout le monde. Attaché à une restitution musicologiquement et historiquement rigoureuse des œuvres qu’il interprète, Roger Norrington semble s’engager dans une intégrale des Symphonies de Mahler à la tête de l’Orchestre Symphonique de la Radio de Stuttgart dont il est le Chefdirigent depuis 1998. L’approche du chef anglais est un peu dans l’air du temps et n’étonnera pas ceux qui sont attentifs aux évolutions des traditions interprétatives : retour au style et aux sonorités d’origine, allégement de l’orchestre, jeu sans vibrato… L’orchestre de Stuttgart est néanmoins une phalange "moderne", couvrant aussi bien le grand répertoire classique et contemporain que promouvant la musique contemporaine.
Que vaut cette interprétation de la Quatrième Symphonie, qui est peut-être celle qui se prête le mieux à cette approche ? Elle semble tout d’abord se dérouler à toute vitesse, comme expédiée. De plus, la vision démonstrative du chef empêche trop souvent le charme d’agir et l’émotion de surgir. Rendue avec une indéniable transparence, ce qui permet, par ailleurs, d’apprécier le jeu irréprochable des différents pupitres, cette interprétation très élaborée et recherchée, voire surchargée d’effets, manque trop souvent de naturel (Ruhevoll) et surtout, et c’est là que le bât blesse, d’ambiguïté. Cela est particulièrement sensible dans le Bedächtig. Nicht eilen, primesautier et pastoral, espiègle et turbulent, mais débarrassé de tout drame sous-jacent. De plus, le rythme et le tempo imprimés à ce mouvement semblent indécis… Cette Quatrième n’est pas non plus dépourvue de tout effet bizarre (accentuation exagérée des cordes dans le Ruhevoll) et inattendu (fin du deuxième mouvement) mais l’esprit de cette symphonie est malgré tout respecté. Dans le Sehr behaglich, la soprano Anu Komsi fait entendre un timbre idéal mais accuse par moments quelque maniérisme.
S’inscrivant dans une approche pertinente, bien qu’encore loin d’être totalement acceptée, surtout dans le répertoire à cheval sur le XIXème et le XXème siècle, cette interprétation risque pour le moment d’être reléguée au cabinet de curiosités. Peut-être en ressortira-t-elle plus tard ? Quand nous serons prêts…
Le site de l’orchestre
Sébastien Foucart
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