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01/16/2007
Joseph Haydn : Symphonies «Londoniennes» – Les Saisons

Elsie Morison (soprano), Alexander Young (ténor), Michael Langdon (basse), Beecham choral society, Denis Vaughan (chef de chœur), Royal philharmonic orchestra, Thomas Beecham (direction)
Enregistré à Londres et à Paris (1957-1958 [Symphonies n° 93 à n° 98], 1958-1959 [Symphonies n° 99 à n° 104] et novembre 1956 [Les Saisons]) – 291’34 (Symphonies) + 144’15 (Saisons)
Six disques EMI 3 67893 2



Ces six disques regroupant l’intégrale des Symphonies «Londoniennes» (1793-1795) ainsi que Les Saisons (1801) de Haydn, gravées par Beecham dans la seconde moitié des années 1950, ont déjà fait l’objet de plusieurs rééditions et «remastérisations» séparées – les Symphonies (en deux coffrets) en 1992 et en 2004, Les Saisons en 2005 – mais cette compilation, qui paraît au moment où l’enregistrement des Saisons tombe dans le domaine public, présente l’avantage d’être inédite et, surtout, d’être proposée à un prix attractif.


Si le minutage est généreux (plus d’une heure dix par disque), il faut toutefois prendre son parti des insuffisances éditoriales inhérentes aux collections économiques: interversion des pochettes cartonnées et des étiquettes dans les Symphonies, notice de Lyndon Jenkins (en anglais, allemand et français) informative sur la place tenue par Haydn dans la carrière du chef britannique mais trop concise sur les œuvres – prenant néanmoins le soin d’indiquer que les mouvements lents sont «généralement placés en seconde position» – et absence du livret des Saisons.


Il serait tentant de penser que le style de Beecham renvoie à un temps révolu, celui où l’image du «bon papa» Haydn n’avait pas encore été écornée par les «baroqueux». Ce serait non seulement faux d’un point de vue historique – car Scherchen ou Szell, par exemple, avaient déjà, à la même époque, une vision plus «moderne» du compositeur – mais surtout injuste d’un point de vue esthétique, car ces interprétations n’ont rien perdu de leur valeur.


Certes, les reprises sont généralement omises et les conclusions alourdies de ralentis prévisibles, mais l’esprit l’emporte largement sur la lettre. Certes, l’effectif orchestral semble immense, mais il est utilisé avec finesse, en accord avec la rondeur des phrasés, et sans exclure des attaques parfaitement tranchantes. Certes, les sonorités ne sont pas toujours très belles, avec ces hautbois nasillards qui trahissent leur époque, mais les timbres n’en possèdent pas moins une saveur hors norme (codas de la Quatre-vingt-treizième ou de la Quatre-vingt-seizième «Le Miracle»).


Certes, les introductions puissantes et romantiques n’ont rien de très orthodoxe, mais elles conduisent à des allegros pleins de vie (premier mouvement de la Cent unième), dont le développement prend un caractère dramatique très poussé. Certes, les andante frappent de nos jours par leur lenteur (la surprise de la Quatre-vingt-quatorzième, l’horloge de la Cent unième) ou même leur lourdeur (Cent troisième «Roulement de timbales»), mais la profondeur des adagios laisse admiratif (Cent deuxième), tandis que l’Allegretto «militaire» de la Centième est étonnamment vif. Certes, les menuets sont bien robustes, voire pesants, mais leurs trios contrastent avec élégance et distinction. Certes, les mouvements finaux ne sont pas menés sur les chapeaux de roue, mais comment résister à l’humour et à la bonhomie qui en émane?


D’une symphonie à l’autre, l’homogénéité et la cohérence de la conception confèrent une solide charpente à chacune d’entre elles, mais la Quatre-vingt-dix-huitième ressort plus particulièrement, tandis que la Quatre-vingt-quinzième, un peu éteinte, ni sombre ni tragique, semble en revanche manquer d’élan. Une réalisation presque cinquantenaire qu’il est donc indispensable de connaître aux côtés des références laissées par Bernstein ou Karajan, pour s’en tenir à des approches à l’ancienne.


Si elles bénéficient d’une direction toujours aussi vive et truculente, par exemple dans la spectaculaire scène de chasse de L’Automne, Les Saisons, chantées en anglais, souffrent en revanche d’une prise de son plus compacte, d’un chœur pléthorique et de solistes dont l’expression et le timbre paraissent datés, quand leur technique n’est pas défaillante.


Simon Corley

 

 

 

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