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01/07/2007
Claudio Monteverdi : Il Combattimento di Tancredi e Clorinda – Madrigaux

Rolando Villazon, Topi Lehtipuu (ténors), Patrizia Ciofi (soprano), Le Concert d’Astrée, Emmanuelle Haïm (direction)
Enregistré en 2005-2006 – 67’28
Virgin Classics 0946 3 63350 5


Claudio Monteverdi et Rolando Villazon, deux personnages qui, a priori, ne devaient pas se rencontrer. Et pourtant… En novembre 2005, le ténor mexicain avait quitté les costumes de Rodolfo et de Werther pour s’essayer à la musique baroque lors d’un concert à l’Opéra de Lille (voir ici). Le résultat avait été plus qu’enthousiasmant et ce disque en est le reflet, mais avec un soupçon de spontanéité en moins.



La première écoute peut dérouter car Rolando Villazon, volontairement, a refusé de chanter à la manière des spécialistes de Monteverdi: le vibrato est présent, les ornementations sont assez réduites, etc… Certes, mais le résultat est absolument magnifique car le chanteur sort des carcans un peu figés de la grammaire baroque pour apporter plus de vie, plus d’engagement à la musique et au texte. Le morceau important de ce disque est Il Combattimento di Tancredi e Clorinda dans lequel Rolando Villazon se découvre de véritables talents de conteur: on aura rarement entendu un récit aussi engagé, aussi précis, aussi rempli de nuances. Le madrigal “Si dolce è’l tormento” est peut-être le plus beau passage du disque. Il chante chaque phrase sur un seul souffle, sans respiration avec une grâce extraordinaire. La voix devient de plus en plus chaude et pure au fur et à mesure du morceau, ce qui ne l’empêche toutefois pas de mettre en valeur certains termes comme “bellezza” en fin de phrase. La montée sur “E l’empia ch’adoro” est magnifique car il l’exécute sur un decrescendo.
Patrizia Ciofi est idéale pour la musique baroque car la petite fêlure de sa voix ajoutée à un léger voile apportent une faiblesse et une douceur à son chant. Elle chante plusieurs madrigaux dont “Ohimè ch’io cado, ohimè”. Elle semble flâner d’une note à l’autre avec une légèreté parfois brisée par des accents qui mettent en valeur un sentiment. En revanche, ses premiers “ohimè” ne sont pas de très bon goût car elle exécute des vocalises descendantes en glissando. “Quel sguardo sdegnosetto” est nettement plus convaincant car elle présente de jolies couleurs et elle dessine bien un jeune garçon espiègle et frivole.
Topi Lehtipuu complète le duo avec une voix plus claire et plus aiguë que celle de Rolando Villazon. L’enregistrement audio flatte le timbre de ce chanteur, parfois un peu aigre en live: la voix est d’une belle pureté dans le début du madrigal “Perché se m’odiavi”. Il se montre très expressif dans le madrigal “Maledetta sia l’aspetto” avec des inflexions pleine d’humour et d’ironie. “Tempro la cetra” est chanté avec beaucoup d’intensité et chanteur et orchestre s’associent pour rendre ce madrigal poignant avec une certaine solennité.
Les deux ténors se rejoignent pour un “Tornate, o cari baci” survolté! Ils rivalisent dans la virtuosité (“Tornate”) certes, mais ils prennent aussi soin d’harmoniser leurs deux voix très différentes pour n’en faire plus qu’une dans les “o cari baci”. “Interrotte speranza” est également magnifique car les deux voix se superposent, celle de Rolando Villazon étant solaire. Peu à peu la tension monte et chaque chanteur reste un peu sur sa réserve pour rendre l’interprétation encore plus prenante. Alors pourquoi ne pas avoir mis au programme cette merveille qu’est “Zefiro”?
La direction d’Emmanuelle Haïm est très bonne même s’il manque toujours un petit quelque chose pour qu’elle soit vraiment exceptionnelle: les détails sont très précis, musicalement beaux, mais elle néglige la vision d’ensemble. Les musiciens du Concert d’Astrée sont, individuellement, excellents comme la violoniste Stéphanie-Marie Degand, remarquable dans les parties instrumentales qui séparent les strophes de “Perché se m’odiavi”.



Après cette expérience plus que réussie, il est à espérer que Rolando Villazon multipliera les projets. On pourrait rêver à Néron, à Idoménée… Il apporte vraiment un renouveau à la musique baroque avec un engagement que n’ont pas forcément les chanteurs baroques.



A noter:
- cet enregistrement est disponible sous deux formes: le CD simple ou bien le CD accompagné d’un DVD avec un documentaire (répétitions, interview…)

Manon Ardouin

 

 

 

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