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12/27/2006 Anton Bruckner : Sixième Symphonie
Jean-Sébastien Bach/Arnold Schoenberg* : Prélude et fugue pour orgue en mi bémol majeur, BWV 552 Orchestre Symphonique de la SWR de Baden-Baden et Fribourg, Michael Gielen (direction)
Enregistré au Konzerthaus de Fribourg le 29 mars 2001 & le 22 août 1996* – 71’33
Hänssler 93.058 (distribué par Intégral). Présentation en allemand, anglais, français et espagnol
Familier de l’Ecole de Vienne, infatigable créateur de nombreuses œuvres de son temps, Michael Gielen ne pouvait que nous donner une Sixième de Bruckner remarquable de clarté, de rigueur, d’objectivité. Rien de wagnérien, rien de mystique non plus. Le Maestoso initial avance implacablement, grâce à un sens du rythme très sûr, avec des gradations parfaitement maîtrisées, le tout menant à une péroraison sans grandiloquence. On ne trouvera pas dans l’Adagio la moindre once de pathos, on y entendra tout, dans les nuances indiquées, notamment à la fin, qui baigne dans un pianissimo éthéré. Cela dit, arrivé à mi-chemin de la partition, on se dit qu’un peu d’abandon, un peu de mystère seraient bienvenus. Si Mahler, dont la modernité anticipe sur l’Ecole de Vienne, peut s’accommoder d’un tel traitement, il n’est pas sûr qu’il convienne totalement à Bruckner, qui bâtit plus qu’il ne désagrège. Le Scherzo confirme cette impression : concentré, mais trop tenu, pas assez inquiétant, malgré un Trio jamais sec où le chef sait s’attarder. De même, le Finale, tout aussi construit, ne trahit aucune précipitation ; il n’est pas statique pour autant, il avance, comme le premier mouvement. On l’aimerait seulement plus vibrant, parfois plus dionysiaque. L’orchestre, de surcroît, nonobstant ses mérites, ne saurait prétendre à la comparaison avec les grandes phalanges qui, dirigées par d’authentiques brucknériens, nous ont offert des versions de référence. En voulant moderniser, dépoussiérer Bruckner, Michael Gielen en fait un musicien austère : n’est-ce pas plutôt le trahir ? Du coup, on préfère la transcription par Schoenberg du Prélude et fugue en mi bémol de Bach – à comparer avec la version d’Esa-Pekka Salonen chez Sony -, où le chef assume sans complexe l’exotisme d’une orchestration pour le moins anachronique.
Didier van Moere
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