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12/02/2006 Wolfgang Amadeus Mozart : Ouvertures: «Don Giovanni», K. 527 – «Le Nozze di Figaro», K. 492 – «Cosi fan tutte», K. 588 – «Mitridate, rè di Ponto», K. 74a [87] – «Lucio Silla», K. 135 – «Idomeneo, rè di Creta», K. 366 – «La Finta gardiniera», K. 196 – «La Finta semplice», K. 46a [51] – «Ascanio in Alba», K. 111 – «Il Rè pastore», K. 208 – «La Clemenza di Tito», K. 621 – «Die Entführung aus dem Serail», K. 384 – «Bastien und Bastienne», K. 46b [50] – «Der Schauspieldirektor», K. 486 – «Die Zauberflöte», K. 620
Prazsky komorni orchestr, Antonin Hradil (premier violon)
Enregistré en public à Reims (juillet 2006) – 72’15
TransArt Live TR 144 (distribué par Naïve)
TransArt Live a une nouvelle fois posé ses micros aux Flâneries musicales d’été de Reims et, grâce à un délai de parution inhabituellement rapide, propose déjà un écho de l’édition 2006, qui a naturellement réservé une place importante à Mozart.
Au moment même où Deutsche Grammophon et Decca joignent leurs forces dans le projet «Mozart 22», à savoir l’intégrale en DVD des opéras du compositeur salzbourgeois, l’initiative consistant à réunir quinze ouvertures sur un même disque évoque la lutte du pot de terre contre le pot de fer. Et, si elle ne fait que transposer une idée ancienne, qui a déjà fait florès avec des créateurs d’opéras aussi divers que Rossini, Wagner ou Offenbach, la durée, le style et la fonction de ces levers de rideau mozartiens plaidaient-ils pour qu’elle le fût? Ainsi, le regroupement, sur le même modèle, d’ouvertures de Haendel ou de préludes de Janacek n’aurait pas de sens.
Mais cette compilation trouve sa justification dans la manière dont Mozart fait évoluer le genre, tant dans sa forme que dans sa portée. La brève sinfonia en trois mouvements (La Finta semplice, Mithtridate, Lucio Silla), dont la Trente-deuxième symphonie conserve une trace, s’efface ainsi au profit du classique allegro de sonate, éventuellement précédé d’une introduction lente, structure qu’adoptent les ouvertures les plus célèbres (Don Giovanni, La Flûte enchantée, …). Surtout, la pièce introductive, initialement sans grande affinité avec ce que l’on va voir sur scène, sinon en suggérant la couleur générale du livret, acquiert au fil des opéras une toute autre importance dramatique et une valeur sui generis.
Cette parution suscite cependant d’intenses frustrations. Non point tant l’interprétation de l’Orchestre de chambre de Prague, qui, bien que jouant sans chef, ne manque pas de peps (Les Noces de Figaro), et se montre souvent solide (L’Enlèvement au sérail) voire brut de décoffrage (Cosi fan tutte), ni le choix des codas «de concert», pas toujours très heureuses (Don Giovanni, L’Enlèvement au sérail), mais le fait qu’il faille se résigner à ce que l’ouverture de Don Giovanni, au lieu de s’enchaîner sur «Notte e giorno faticar», soit suivie de celle des Noces de Figaro, laquelle ne se prolonge pas par le duo «Cinque… Dieci…». Mais il n’est pas exclu que cette déception évidemment inhérente à l’exercice se transforme en curiosité insatisfaite, c’est-à-dire en une incitation à découvrir des opéras méconnus.
Depuis Bastien et Bastienne (1768), dont l’un des motifs annonce le premier thème de la Symphonie héroïque de Beethoven, jusqu’à La Clémence de Titus (1791), ce parcours présenté de façon non chronologique – on comprend sans peine que les musiciens aient d’abord tenu à honorer Don Giovanni, qui fut créé à Prague – est correctement balisé par Rémi Jacobs dans une notice (en français et en anglais) dont, comme de coutume, la concision ne nuit nullement au caractère informatif. La liste des plages comprend toutefois un lapsus cocasse, puisque le «Roi pêcheur» est venu prendre la place du Roi pasteur, erreur qui ne renvoie même pas à Parsifal, Amfortas n’étant pas pêcheur mais pécheur…
Simon Corley
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