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11/24/2006
Œuvres pour ensemble instrumental et airs pour flûte de Holborne, Purcell, Dowland, Scheidt…
Julien Martin (flûte), Josh Cheatham (viole de gambe), Capriccio Stravagante, Skip Sempé (clavecin et direction)
Enregistré en 2005 - 76’00
1 CD Paradizo PA001
Skip Sempé vient de fonder un nouveau label appelé “Paradizo” tiré du nom d’une pièce d'Anthony Holborne. Dans le livret qui accompagne le disque, le musicien s’explique sur ce nom: “Cela renvoie à l’idée de l’abandon, de renoncement. C’est en fait un sentiment si déchirant qu’il va au-delà de toute sentimentalité.”
Ce premier disque ne pouvait s’intituler autrement que “Paradizo” et il ne pouvait que s’ouvrir sur l’œuvre de Holborne. Cette pièce donne le ton à l’enregistrement, car elle met en relief la finesse et l’élégance de l’ensemble: les cordes sont attentives aux transitions et les nuances sont “amenées” avec soin.
Le disque regroupe des œuvres de Holborne, Dowland, Scheidt et Purcell, pour ne citer que les plus célèbres compositeurs inscrits au programme. Par sa diversité, il est très agréable à écouter. Le Capriccio Stravagante alterne des airs émouvants avec d’autres plus enlevés, le tout avec une grande cohérence. Ne pouvant détailler chaque morceau, il a semblé plus enrichissant d’attirer l’attention sur quelques numéros particulièrement touchants.
Le Sir Henry Umpton’s Funerall de John Dowland (plage 8) est vraiment poignant grâce à un tempo ralenti, solennel et à une basse continue expressive: les notes jouées à l’orgue évoquent la dignité des larmes secrètes. Skip Sempé a souhaité présenter un jeune flûtiste, Julien Martin, qui est un virtuose tout en étant un sensible musicien, comme en témoigne la pièce The Standing Masque/Laura de Jacob Van Eyck (plage 10): les nombreuses notes rapides sont exécutées avec brio mais avec une grande légèreté. L’Air for the flute de Henry Purcell (plage 20) lui permet de faire entendre des sonorités mélancoliques, douces répondant en cela au violon harmonieux et leur duo fonctionne magnifiquement pour rendre cette pièce très prenante: un petit bijou! Josh Cheatham, autre jeune musicien découvert dans ce disque, produit des sons envoûtants de sa viole de gambe: dans A Pavin de Tobias Hume (plage 14), il apporte des couleurs sombres et tendres à la partition, notamment au début.
La dernière partie du disque rassemble des œuvres plus descriptives, dont une Galliard Battaglia de Samuel Scheidt (plage 18) interprétée avec enthousiasme et rythme. Le dernier numéro referme bien cette promenade musicale avec Heigh ho holiday, écrit dans la même veine que Paradizo: toute la sensibilité des musiciens est présente dans chaque nuance et chaque accent.
Pour introduire le disque, Skip Sempé a réalisé un très beau livret où il explique ses intentions sous la forme d’un entretien: il parle, avec la passion qui le caractérise, des instruments qu’il utilise dans ce disque, du répertoire qu’il aborde… en donnant une leçon d’histoire de la musique tout à fait abordable et claire.
Connu pour ses merveilleuses interprétations au clavecin et à la direction, Skip Sempé sera bientôt reconnu comme l’un des architectes d’une nouvelle collection de disques qui ne manquera pas de faire découvrir de nombreux auteurs, de nombreuses œuvres ainsi que de nouveaux instrumentistes. Les prochaines parutions donneront à entendre des Ouvertures et concertos de Telemann, de la musique de Scarlatti, Rameau,… Plein de beaux projets en perspective!
Manon Ardouin
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