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11/08/2006
Piotr Ilyitch Tchaïkovski : Concerto pour piano n°1, opus 23
Aram Khatchaturian : Concerto pour piano
Boris Berezovsky (piano), Orchestre Philharmonique d’Oural, Dmitri Liss (direction)
Enregistré au Philharmonia Great Hall d’Ekaterinbourg (20-23 février 2006) – 62’07
Warner Classics 2564 63074-2
Le Premier concerto pour piano de Tchaïkovski fait partie des tubes les plus rabâchés du grand répertoire. Que peut apporter de nouveau une version supplémentaire de cette œuvre au sein d’une discographie pléthorique dans laquelle dominent de légendaires enregistrements ? Peut-être rien, en fait, et c’est sans doute le cas ici. Mais quand c’est un pianiste aussi excellent et complet que Boris Berezovsky qui l’interprète, pourquoi bouder son plaisir ? Il s’agit d’une version assurément honnête, très propre et sans aucune vulgarité. Boris Berezovsky ne fait jamais dans la simple démonstration de virtuosité, mais interprète ce concerto avec beaucoup de musicalité, de sensibilité et en évitant de trop désagréables épanchements lyriques. Le pianiste et l’orchestre ont le bon goût de ne pas se montrer trop emphatiques dans les mesures initiales du premier mouvement. Empoignant le début de celui-ci dans un tempo rapide, mais sans précipitation, les musiciens adoptent ensuite une allure plus modérée et achèvent avec satisfaction cette page avec ce qu’il faut d’éclat et de brillant, mais sans exagération. L’Andantino semplice , donné d’ailleurs plus adagio qu’andante, est joué par un Berezovsky très méditatif. Ne donnant jamais le sentiment d’être expédiée, l’interprétation du final est, quant à elle, vive et allante, sans nervosité brouillonne, mais avec un éclat et une brillance très mesurés, comme dans le premier mouvement.
Le Concerto pour piano de Khatchaturian ne bénéficie pas de la même popularité que celui de Tchaïkovski, car il n’est actuellement plus beaucoup enregistré ni présenté au concert. C’est dommage, car il s’agit pourtant d’une œuvre d’une grande qualité d’inspiration et dans laquelle un pianiste peut déployer à merveille son talent. Et elle est ici excellemment défendue par Boris Berezovsky qui en donne une version réjouissante. Après un Allegro ma non troppo fulgurant et solide, le pianiste russe joue un Andante con anima plein de mélancolie et d’intensité et conclut sur un Allegro brillante… brillant comme il se doit, mais sans que ne soient pour autant sacrifiés les détails et la clarté du discours. Dans ce concerto de Khatchaturian, Berezovsky et l’orchestre soulignent au trait fin tous les contrastes de dynamique et les nuances de couleur que recèle cette partition qui, tout en empruntant des thèmes folkloriques, s’inscrit pleinement dans la tradition romantique russe.
Que ce soit dans Tchaïkovski ou dans Khatchaturian, l’Orchestre Philharmonique d’Oural se révèle très bon. Sous la direction de Dmitri Liss, l’orchestre prend toujours soin de respecter un juste équilibre avec le piano. Plus d’une fois, les bois, les cuivres et les cordes offrent de belles interventions.
Un beau disque, enrichi d’une notice concise et intéressante d’Andrew Huth.
Sébastien Foucart
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