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11/05/2006
Domenico Scarlatti : Sonates Kk. 9, 11, 32, 54, 87, 141, 185, 322, 380, 426, 466 et 481 (transcriptions Papavrami)
Tedi Papavrami (violon)
Enregistré à Grimisuat (juin 2006) – 68’02
Æon AECD 0644





Lors d’un concert parisien dirigé en juin 2005 par le regretté Armin Jordan (voir ici), Tedi Papavrami, après avoir joué le Premier concerto de Chostakovitch, avait rompu fort opportunément avec les usuels bis (Bach, Paganini, Ysaÿe, …) en donnant… une sonate de Scarlatti. Toujours aussi soucieux d’originalité, Æon permet de prolonger ce moment inattendu avec onze autres sonates transcrites par le violoniste d’origine albanaise.


Inattendu, car non seulement l’écriture de Scarlatti est éminemment pianistique, mais si ses Sonates imitent parfois d’autres instruments (guitare, castagnettes, cors, trompettes, …) et ont suscité l’intérêt d’orchestrateurs tels que Casella, Chostakovitch, Roland-Manuel ou Tommasini, elles ne tiennent pas du tout du violon, bien qu’Avison, dès le XVIIIe, soit parvenu à en tirer des concerti grossi. Tout en se disant animé par les meilleures références du clavier (Horowitz et Ross, bien sûr, mais aussi Lipatti, Benedetti-Michelangeli, Argerich ou Zacharias), Papavrami concrétise ainsi le rêve contrarié d’un jeune prodige de douze ans, dont la tentative d’adaptation (de mémoire) de la Sonate K. 54, qui ouvre le disque, s’était heurtée à des obstacles techniques.


Egalement traducteur des ouvrages d’Ismail Kadaré, il sait sans doute mieux que d’autres faire la part des choses entre la beauté et la fidélité à l’original et il s’est ainsi approprié cette musique, qui sonne de manière indéniablement violonistique, plus proche, au-delà même des moyens déployés, de Paganini que de Vivaldi, même si toute l’âpreté baroque y est quand il le faut (Sonate K. 141). Les tempi qu’il adopte dans les sonates «souvent mélancoliques» qu’il a sélectionnées (jusqu’à dix minutes environ pour deux d’entre elles) seraient d’ailleurs insoutenables au piano, sans parler du clavecin. Et dire qu’il faut que ce soit un violoniste qui vienne rappeler aux pianistes tout le prix d’une musique qu’ils devraient honorer bien plus souvent qu’ils ne le font…


Cela étant, il avance sans cesse sur la corde raide: s’il réussit certes à faire en sorte que la difficulté de l’exercice – mais Scarlatti ne qualifiait-il pas lui-même ses œuvres d’Essercizi? – ne soit que rarement perceptible, c’est au prix non seulement d’acrobaties permanentes, mais d’un formidable jeu sur les phrasés, les couleurs et les sonorités.


Comme toujours chez Æon, les textes de présentation (en anglais, français et allemand) sont particulièrement soignés: celui de l’interprète est précédé d’un manifeste au dandysme revendiqué, signé de ce passionné de la transcription qu’est Jacques Drillon, proclamant avec une réjouissante mauvaise foi que «tout accroissement […] est moralement douteux, esthétiquement désastreux» mais qu’à l’inverse, «toute réduction est délectable».


Le site de Tedi Papavrami


Simon Corley

 

 

 

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