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12/18/2005
Johann Sebastian Bach : Sonates et Partitas, BWV 1001 à 1006

Gidon Kremer (violon)
Enregistré à Lockenhaus (25-29 septembre 2001) [Partitas] et à Riga (10-15 mars 2002) [Sonates] – 131’18
Deux disques ECM New series 1926/1927 476 7291



Cette intégrale des Sonates et Partitas de Bach paraît vingt-cinq ans après la première gravure qu’en fit Gidon Kremer chez Philips. En réalité, cet enregistrement, à propos duquel le violoniste letton annonce d’ores et déjà qu’il ne remettra pas l’ouvrage sur le métier, sort près de quatre ans après sa réalisation dans des lieux choisis peut-être avant tout pour leur portée symbolique, traduisant les étapes d’une vie marquée par l’exil: un studio à Riga pour les Sonates, l’acoustique réverbérée de l’église de Lockenhaus pour les Partitas.


Sur son Guarneri del Gesú «Ex-David» (1730), Kremer se situe au-delà (ou à côté) des controverses qui ont marqué l’interprétation de la musique ancienne depuis un demi-siècle. Ni baroque, ni romantique, son approche pourra être qualifiée de personnelle, d’habitée, d’excentrique, d’hallucinée ou de délirante selon l’affinité que l’on pourra entretenir avec une vision aussi résolument hors norme. Mais elle est avant tout profondément humaine: dans la modestie affichée par l’interprète face à un tel monument («Dans quelle mesure je suis parvenu à élucider le message (quasi secret) de ces œuvres, comme j’en avais le projet au départ, je ne saurais le dire») et dans le défi qu’il lui lance en même temps.


Car c’est une sorte de corps à corps titanesque qui se joue ici, continûment risqué, impulsif, comme saisi sur le vif, animé par des coups de griffe et des coups de boutoir, par un engagement physique confinant parfois à la hargne ou à la rage tant l’archet claque et fouette (Chaconne de la Deuxième partita). S’il ne se soucie pas principalement de beauté sonore, Kremer ne laisse pas passer la moindre occasion de mettre en valeur liberté du propos (Sarabandes) mais aussi l’élément dansant, voire ludique et capricieux (Bourrées et Gigues).


Ce double album est accompagné d’un livret comprenant des textes de Gidon Kremer et Victor Kissine (en anglais et, partiellement, en allemand et en français).



Simon Corley

 

 

 

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