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12/18/2005 Franz Schubert : Quatuor n° 15, D. 887 (adaptation Victor Kissine)
Kremerata Baltica, Gidon Kremer (direction)
Enregistré à Lockenhaus (juillet 2003) – 55’00
ECM New series 1883 476 1939
L’élargissement du quatuor à cordes à un orchestre à cordes est devenue monnaie courante: si certains compositeurs, tel Sculthorpe, procèdent eux-mêmes à cette adaptation, ceux de Beethoven (Onzième, Grande fugue) ou de Chostakovitch (Huitième, Dixième) l’ont été par d’autres, à commencer par Mahler, lequel s’est également intéressé au Quatorzième quatuor «La Jeune fille et la mort» de Schubert. Victor Kissine (né en 1953), Pétersbourgeois résidant désormais en Belgique, a arrangé pour sa part le Quinzième quatuor (1826).
Ici, la légèreté de l’effectif (vingt-cinq musiciens, dont se détache parfois un quatuor soliste) et le tranchant des attaques sont contredits par une acoustique fortement réverbérée (celle de l’église de Lockenhaus), mais tout cela participe certainement d’un projet dans lequel, visiblement, pas le moindre coup d’archet n’a été laissé au hasard, la notice (en allemand et anglais) témoignant abondamment de la collaboration étroite entre l’interprète et l’arrangeur (qui a modifié son travail initial de la partition).
Ample – près de vingt-trois minutes pour l’Allegro molto moderato, puis un Andante un poco moto d’une lenteur telle qu’on a parfois l’impression que la musique va s’arrêter – la vision de Kremer tient davantage d’une aventure spirituelle ou d’une narration onirique que d’une interprétation traditionnelle, sorte de Voyage d’hiver cultivant les étrangetés et les ruptures de climat, les échos et réminiscences propres à cet ultime contribution de Schubert au genre du quatuor. Une approche extrémiste et exigeante qui ne surprend certes pas de la part du violoniste letton, mais qui suscitera sans doute les réactions les plus antinomiques, entre admiration et incompréhension, car s’il sait parfaitement où il va, il n’est pas toujours aisé de le suivre.
Simon Corley
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