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06/15/2003 Gustav Holst : Les Planètes, opus 32
Chœur et Orchestre symphonique de Londres, Colin Davis (direction)
LSO Live LSO 0029
L’Orchestre symphonique de Londres, à l’image de certaines autres formations anglaises (Royal philharmonic, Hallé, Royal Liverpool philharmonic), possède désormais sa propre marque, destinée à diffuser ses seuls enregistrements, mais dont la spécificité, comme l’indique son titre, est de ne présenter que des concerts publics, et ce, au tarif d’une collection économique. C’est dans ce cadre que Colin Davis, quatorze ans après son disque avec la Philharmonie de Berlin (Philips), a remis Les Planètes de Holst sur le métier. S’il est encore loin de menacer Adrian Boult (1889-1983), recordman toutes catégories avec cinq versions réalisées entre 1945 et 1978, il n’en rejoint pas moins ainsi Andrew Davis, Mark Elder, Herbert von Karajan, Adrian Leaper et Leopold Stokowski.
Le jeu en valait-il la chandelle? La comparaison entre cette nouvelle parution et la gravure berlinoise de 1988 est en effet tentante. Il en ressort que le chef anglais a fort peu modifié sa conception, notamment du point de vue des tempi, qui n’ont quasiment pas varié. Mars est toujours bien mené, avec un premier temps très accentué. Vénus ne n’hésite pas à se complaire dans une certaine langueur, voire une nostalgie diffuse (avec une section Andante très retenue), tandis que Mercure compense en fluidité ce qu’il ne possède peut-être pas en vélocité. Jupiter reste hédoniste, quoique peut-être plus vigoureux, avec un hymne central sans excès de lourdeur. Moins distant, Saturne est suivi par un Uranus plus acide. Dans un Neptune moins moelleux qu’à Berlin, Davis fait fortement contraster l’Andante, assez lent, avec l’Allegretto, inhabituellement vif.
Les deux différences principales tiennent aux sonorités orchestrales – Londres 2002, sans surprise, se révèle à cet égard plus mordant et plus dur, moins velouté et moins somptueux que Berlin 1988 – et à l’engagement supérieur qui s’attache à une version de concert. La prise de son, globalement satisfaisante, jette ça et là quelques éclairages trop appuyés, par exemple sur le glockenspiel dans Mercure, sur la première harpe dans Saturne et Neptune, tout en tendant hélas à reléguer l’orgue loin derrière la masse instrumentale.
La notice (anglais, allemand, français) dit l’essentiel en peu de mots. Elle est due au compositeur David Matthews, dont le frère, Colin, a écrit voici trois ans un Pluton destiné à être joué immédiatement après la dernière pièce des Planètes. On peut d’ailleurs regretter que contrairement à deux des enregistrements parus après la création de cette pièce – Lloyd-Jones (Naxos) et Elder (Hyperion) – ou à Yutaka Sado en concert à Paris (voir ici), celle-ci n’ait pas été incluse dans ce disque.
En conclusion, si ce disque présente un excellent rapport qualité/prix, il ne bouleverse sans doute pas une riche discographie où Karajan/Vienne (Decca, 1961), Steinberg (1971, Deutsche Grammophon), Boult/Londres (EMI, 1978), Dutoit (Decca, 1986) et, dans une approche plus originale, Goodman (Carlton, 1996), demeurent plus particulièrement recommandables.
Simon Corley
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