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03/09/2003 Leonardo Leo : Misereris omnium, Domine, Reminiscere miserationum, Salve Regina, Judica me Deus, Lamentations de Jérémie, Les Talens Lyriques, Christophe Rousset (direction et orgue). Sandrine Piau (soprano), Anne-Lise Sollied (soprano), Hilary Summers (contralto), Jean-François Novelli (ténor), Renaud Delaigue (basse) DECCA 460-020-2 OH
Beau programme de saison, austère et ardent, que celui de ce disque consacré aux musiques pour la Semaine sainte de Leonardo Leo. Un musicien et pédagogue italien né en 1694 dans la province de Brindisi et mort en 1744. Et qui s'est trouvé au confluent de plusieurs courants comme le démontre très bien sa musique où stile antico et stile moderno cohabitent, unifiés par une très grande science du contrepoint. Si ce représentant de l'école napolitaine est mieux connu peut-être dans le répertoire du théâtre (plus de 70 ouvrages pour la scène), notamment dans le domaine comique (Amor vuol sofferenza), il fut aussi le compositeur de magnifiques fêtes musicales pour les noces de Charles III de Bourbon et de Maria Amalia de Saxe (23 juin 1738). Considéré comme un grand pédagogue, il compta parmi ses élèves Jommelli et Piccinni. C'est surtout à la fin de sa vie qu' il aborda, avec beaucoup de bonheur, la musique sacrée. Celle-ci est écrite dans un style contrapuntique très complexe, tel ce magnifique Miserere à huit voix mais sans qu'il oublie son expérience théâtrale ce qui lui permet de conférer à sa musique une très belle intensité dramatique et une grande densité expressive. Les différentes œuvres données ici par Christophe Rousset et ses Talens Lyriques permettent de se faire une bonne idée de l'art de Léo d'autant plus qu'elles sont servies non seulement par cet ensemble justement réputé mais aussi par d'excellents solistes et notamment Sandrine Piau superbe de contrastes dans le Salve Regina, véritable "kaléidoscope d'émotions" où s'opposent un ad te clamamus brillant et virtuose et le ad te suspiramus douloureux et plaintif . Les trois voix de femmes sont au demeurant très belles comme on peut en juger dans les Trois leçons des Lamentations de Jérémie, en particulier dans leurs vocalises sur les lettres hébraïques. Un beau disque aux musiques rares servies par une interprétation d'une belle qualité musicale et expressive.
Florence Trocmé
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