|
Back
02/04/2003
Claude Debussy : Prélude à l’après-midi d’un faune, 3 Nocturnes, Pelléas et Mélisande, suite de concert
Orchestre Philharmonique de Berlin, Claudio Abbado (direction)
Deutsche Grammophon 471 333-2
Autrefois plus couramment jouées, les suites symphoniques tirées d’opéras cherchaient à accroître la renommée et l’audience d’une œuvre qui ne trouvait pas forcément son public, ou même une maison pour la monter (la Suite Lulu de Berg). C’est aussi, pour certains chefs qui se sont attelés à la tâche, le pur plaisir de mettre en valeur l’écriture orchestrale d’un opéra cher à leur cœur, à l’exemple ici d’Erich Leinsdorf avec Pelléas et Mélisande. Les trente minutes de cette suite couvrent les cinq actes et offrent une remarquable cohérence dramatique et musicale, c’est incontestablement une autre façon d’écouter ce chef d’œuvre et l’on souhaite que les institutions symphoniques la mettent à leurs programmes. Claudio Abbado l’a fait (l’enregistrement date de 1999) et il signe une prestation d’une rare intensité. L’Orchestre Philharmonique de Berlin déploie un art de la nuance et une ductilité stupéfiantes, tout en donnant l’impression de toujours en «garder sous le pied», comme un félin. La splendide prise de son permet d’en goûter tous les raffinements. Dans le même esprit, le Prélude à l’après-midi d’un faune, avec Emmanuel Pahud à la flûte, s’impose également comme une grande réussite. Sensiblement en retrait, les Nocturnes manquent d’une plus grande amplitude du geste et d’un soupçon de mystère, mais le disque, au final, se révèle comme l’un des plus beaux consacrés à l’orchestre si envoûtant de Claude Debussy depuis longtemps.
Philippe Herlin
|
