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12/11/2002
Claude Debussy, Maurice Ravel: Œuvres pour orchestre
Orchestre national de l’ORTF (Debussy), Orchestre de Paris (Ravel), Jean Martinon (direction)
Coffret de huit disques EMI 5 75526 2
Quand on pense à la musique française, on pense à Pierre Monteux, à Charles Munch, à André Cluytens, à Paul Paray. On a un peu oublié Jean Martinon (1910-1976) qui, après avoir dirigé l’Orchestre des Concerts Lamoureux, partit prendre en main les destinées de l’Orchestre de Chicago, avant de revenir à Paris où il fut, de 1968 à 1974, le chef de ce qui s’appelait alors l’Orchestre national de l’ORTF. Martinon, c’est la clarté française, le refus de l’éclat gratuit, la mise en valeur des couleurs et des rythmes. Mais l’équilibre, chez lui, n’est jamais fadeur et le fameux impressionnisme à la française n’est jamais brouillage des contours. La Valse de Ravel reste nerveusement dansante, Iberia de Debussy est aussi vivant que mystérieux. Derrière Debussy, Martinon ne cherche pas la sécheresse d’une modernité prophétique : même Jeux, pourtant si en avance sur son temps, garde la magie de ses insaisissables miroitements. Il n’entend pas non plus, chez Ravel, exalter cette fausse froideur qu’on a trop facilement associée à l’auteur du Boléro : Daphnis et Chloé baigne avec lui dans une chaude sensualité. Il faut redécouvrir ces deux intégrales, souvent tièdement accueillies par la critique : c’est la meilleure tradition française qu’on y entend, avec deux orchestres qui à l’époque sonnaient encore très français. Il y a aussi des cerises sur le gâteau : c’est Aldo Ciccolini qui joue la Fantaisie de Debussy et les deux Concertos de Ravel, et Tzigane qui trouve en Itzhak Perlman un de ses meilleurs interprètes. Un coffret d’autant plus recommandable qu’il est proposé à un prix particulièrement attractif.
Didier van Moere
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