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04/15/2002

Un Hans à la hauteur


Hans Gál (1890~1987) : Vingt-quatre Préludes pour Piano, opus 83



Aladár Rácz, piano

Premier enregistrement mondial

1 CD Pan Classics, 2002, n° 510 141




Encore un compositeur estampillé dégénéré par les tenants d'une idéologie nauséabonde ; mais qui à la différence d'un Erwin Schulhoff ou d'un Pavel Haas, a réussi à fuir un pays gangrené par la peste brune. C'est dire la portée considérable de ce disque, véritable acte de culture et de mémoire musicale, jailli de l'escarcelle helvète Pan Classics ! Quitte à réitérer une antienne par trop connue, le mélomane éclectique, citoyen du monde, risque une nouvelle fois d'être frustré - s'il souhaite s'aventurer plus avant dans l'univers de ce musicien austro-hongrois : Hans Gál (1890~1987)... inconnu au bataillon ! Permettons-nous alors de formuler le voeu suivant : que les pianistes émérites, entre deux Préludes de Scriabine, de Chostakovitch ou de Rachmaninov, daignent jouer certains de ceux-ci : vingt-quatre gemmes jaculatoires d'une élévation de pensée brucknéro-bachienne.


En effet, sans constituer un pur et creux exercice scolastique, la référence au Cantor de Leipzig est clairement revendiquée ; d'une certaine manière, Gál a dû bricoler quelque extraordinaire machine à remonter le temps, et prendre clandestinement des cours de composition et de maîtrise contrapuntique, avec Bach lui-même ! En outre, même si la notice d'accompagnement est muette à ce sujet, l'écriture organistique indéniable, délibérée ou non, de ces miniatures iridescentes, leur confère une dimension panthéiste inattendue. Mais, encore une fois, point d'austérité glacée, de lourdeur ou de componction. Par-delà la rigoureuse unité architecturale qui la sous-tend, Aladár Rácz épouse avec spontanéité
et naturel tous les styles de ces pièces. Fantastique, mélancolique, songeur, burlesque ; voire alla Jazz (Prélude n°9)... Et il pare tout à coup
ces vitraux pianistiques de fugitives couleurs impressionnistes (n° 15) ou "régériennes" (n° 22) !


D'une grande diversité, cette musique post-romantique, ancrée dans la tonalité bien qu'écrite en 1960, révèle de secrètes affinités avec certains poèmes français écrits pour le clavier (parfois l'on pense à Gabriel Dupont, ou au Chant de la Mer de Gustave Samazeuilh). Ductile et d'une digitalité caressante, le pianiste roumain réussit le tour de force d'éviter le double piège de l'uniformité - voire de l'ennui - que pourrait générer une écoute continue de ces complexes Préludes pour Piano ; ainsi que celui de la virtuosité "m'as-tu-vu-iste" gratuite. C'est à une vivifiante randonnée sur des sentiers collineux qu'il nous convie. L'un des jalons majeurs de la littérature pianistique.




Étienne Müller

 

 

 

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