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03/06/2002
Carl Philipp Emanuel Bach : Sonates et rondos
Mikhail Pletnev (piano)
Deutsche Grammophon 459 614-2
De même que notre temps a redécouvert la musique baroque, un jour on redécouvrira la période musicale qui l'a suivi, la période "préclassique", pour prendre le terme en vigueur et un peu réducteur, et dans laquelle les fils Bach occupent une part essentielle. Ces vastes contrées musicales dans lesquelles on a encore peu fouillé révèlent les charmes d'une époque que l'on aurait tort de considérer comme une simple transition. On a déjà parlé ici du choc que constitua Endimione de Jean-Chrétien Bach (lire la crique), voici des pièces pour piano de l'un de ses frères, "CPE". On qualifie de bizarre ou de fantasque (aujourd'hui, quand on l'écoute) ou de monstrueux (à l'époque) ce que l'on ne comprend pas dans cette musique pourtant simple et qui affirme une liberté souveraine et rieuse (écarts dynamiques marqués, tempo heurté, collages de styles entre papa Bach et prémonition du divin Mozart). Ce qu'il y a d'amusant, c'est que même un "Andantino patetico" (Sonate Wq 65/31 (H121)) n'est pas triste tant l'écriture jubile et désintègre l'intention tragique. Au piano (qu'on ne vienne pas nous emm… avec les instruments d'époque), Mikhail Pletnev prend son pied et hisse le sens du jeu et l'humour au plus haut niveau. Un petit bijou d'une musique encore trop rare.
Philippe Herlin
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