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11/06/2001
Robert Schumann :
Davidsbündlertänze op. 6 et Concerto sans orchestre op. 14.

Maurizio Pollini (piano).
Deutsche Grammophon 471 369-2



Les deux œuvres ici regroupées datent à peu près de la même époque, années 1835-1838 et sont toutes les deux placées sous le signe de Clara Schumann.


C'est à cette époque que Schumann commence à invoquer les deux personnages de Florestan et Eusebius, tant dans sa Nouvelle revue de musique que dans son grand cycle pour piano, les Davidsbündlertänze. Dans la revue, il signe ses articles tour à tour de l'un et de l'autre nom mais invoque aussi d'autres membres d'une confrérie imaginaire, Les compagnons de David, supposés mener la guerre contre les «Philistins de l'art». Et dans la première version des Davidsbündlertänze apparaissent les initiales F et E l'une après l'autre ou même ensemble en tête de certaines pièces particulièrement contrastées. F pour Florestan, la fougue, la passion, l'élan ; E pour Eusebius, la tendresse mais aussi la tristesse, voire la dépression.
Maurizio Pollini donne une interprétation magistrale de cette œuvre, endossant tour à tour les deux personnalités, incomparable dans le chant mais aussi d'une puissance et d'une virtuosité saisissantes dans l'élan et la fougue, faisant alors résonner son piano comme un véritable orchestre. Puissance et poésie entremêlées que l'on aurait peut-être, toute petite restriction, aimé voir teintées de temps à autre d'une note d'«Humor», même si on sait que la connotation de ce terme chez Schumann est souvent plus grinçante que gaie, du côté de l'humeur plus que de l'humour. Bref, une toute petite touche de facétie voire de légèreté ironique comme l'a osée par exemple un Jean- Marc Luisada.


L'autre œuvre inscrite au programme est assez rarement abordée par les pianistes en raison notamment de l'extrême difficulté du dernier mouvement. Pollini a choisi ici la version sans scherzi de l'œuvre, réduite donc à trois mouvements (en effet, dans une première mouture en cinq mouvements refusée en l'état par l'éditeur comme trop difficile et orchestrale, elle comportait deux scherzi, que le musicien accepta de supprimer).
C'est une œuvre sombre, tumultueuse, habitée de bout en bout par l'angoisse où même l'évocation de Clara, dans l'épisode à variations central, a quelque chose de funèbre. C'est une très belle œuvre qui demande un interpréte hors du commun comme Maurizio Pollini. Epoustouflant de virtuosité dans le dernier mouvement noté prestissimo possibile, où il donne vraiment l'impression d'aller à la limite des moyens pianistiques humains, il est aussi capable au cœur de ce déferlement de notes de faire résonner les thèmes ou soudain d'enchâsser une mélodie poignante.
Du très grand piano au service de deux pages majeures de l'œuvre de Schumann et du répertoire de l'instrument.


Florence Trocmé

 

 

 

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