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09/19/2025
« The Romantic Room »
Louis Spohr : Pot‑pourri n° 2, opus 22 [1] – Quintettes à cordes n° 1, opus 33 n° 1 [2], n° 2, opus 33 n° 2 [3], n° 3, opus 69 [4], n° 4, opus 91 [5], n° 5, opus 106 [6], n° 6, opus 129 [7], et n°  7, opus 144 [8] – Sextuor à cordes, opus 140 [9] – Doubles quatuors n° 1, opus 65 [10], n° 2, opus 77 [11], n° 3, opus 87 [12], et n° 4, opus 136 [13]

Sara Etelävuori [4, 5, 8, 9], Maxime Gulikers [12, 13], Linda Guo [12, 13], Georgeta Iordache [1, 4, 5, 8, 9], Ute Klemm [10, 11], Caroline Kunfalvi [10, 11], Cristian Suvaiala [1 à 3, 6, 7, 10 à 13], Ye Wu [1 à 3, 6, 7, 10 à 13] (violon), Gaëlle Bayet [6, 7, 8], Jinho Han [8, 9], Marko Milenkovic [10 à 13], Tomasz Neugebauer [2, 3, 6, 7], Mischa Pfeiffer [1 à 5], Katja Püschel [10, 11], Ye Wu [9], Christoph Zander [4, 5, 12, 13] (alto), Simon Deffner [4, 5], Susanne Eychmüller [12, 13], Christine Penckwitt [1, 6 à 13], Theresa Schneider [2, 3], Ulrich Witteler [9 à 11] (violoncelle), Michael Geismann [1] (contrebasse)
Enregistré à Cologne (19‑23 décembre [4, 5] 2022, 2‑6 janvier [6, 7], 25 mars [1] et 3‑6 avril [2, 3] 2023, 4‑6 janvier [9], 25‑28 mars [8], 10‑16 juin [10, 11] et 17‑23 octobre [12, 13] 2024) – 373’44
Coffret de six disques Pentatone Classics PTC 5187 505


Sélectionné par la rédaction





Qu’en est‑il de Louis (né Ludwig) Spohr (1784‑1859) en 2025 ? Même les violonistes ne jouent plus guère que le Huitième de ses quinze Concertos, sous‑titré « In modo di scena cantate », et, pour le reste, on peut tomber par chance sur l’un de ses quatre Concertos pour clarinette ou son Nonette. Globalement, surtout, on en reste à l’image poussiéreuse d’un compositeur de transition un peu besogneux, né après Mozart et Beethoven, mais avant Schubert, Mendelssohn et Schumann. Cette image n’est toutefois qu’un cliché : grâces soient rendues à pas moins de vingt‑et‑un musiciens de l’Orchestre symphonique de la Radio de l’Allemagne occidentale (WDR) de Cologne d’avoir enregistré treize de ses œuvres destinées à des formations associant de cinq à huit instruments cordes – les sept Quintettes à deux altos, le Sextuor, le Deuxième Pot‑pourri et les quatre Doubles Quatuors – car elles offrent de lui un tout autre visage.


Brahms, qui l’avait rencontré quelques années plus tôt, salua à son décès « sans doute le dernier qui appartenait encore à des époques artistiques plus belles que celle que nous traversons aujourd’hui ». De fait, on ressent souvent dans sa musique comme le souvenir un peu nostalgique des temps anciens. En ce sens, le titre de cette anthologie, « Le Salon Romantique », ne doit en rien laisser croire que l’inspiration de Spohr serait fougueuse et débridée. Il reste quelque chose de classique chez lui, comme chez Cherubini ou Fesca, avec, plus encore que chez Mendelssohn, l’équilibre, la modération, la sensibilité, la grâce, l’élégance, la distinction même. Pour être un fervent partisan des idées démocrates, il ne hausse jamais importunément le ton, les conclusions sont plus souvent piano que forte, le langage n’est pas révolutionnaire, l’architecture des œuvres ne réserve pas de surprises – quatre mouvements, la seule variante étant la place du scherzo, en deuxième ou en troisième position – et permet l’édification de grandes constructions, à l’image des 35 minutes du Troisième Double Quatuor (1833).


Avançant de manière aussi sûre qu’imperturbable, cette musique exhale un charme indéfinissable et une ineffable douceur de vivre, moins celle, un peu lénifiante, du Biedermeier que celle, chaleureuse et douillette, de la Hausmusik, à la différence – importante – qu’elle est écrite non pour des amateurs, même doués, mais pour des musiciens très aguerris. Spohr était lui‑même virtuose – il fut qualifié de « Paganini allemand » – et cela s’entend tout spécialement dans les œuvres les plus anciennes, telles que le Deuxième Pot‑pourri (1807) « pour le violon, avec accompagnement de deux violons, alto, violoncelle et basse ad libitum », où le duo « Là ci darem la mano » de Don Giovanni occupe toute la deuxième partie, ou le Premier Quintette (1814). Mais le fait que le violon rentre ensuite dans le rang demeure sans doute la seule évolution notable de son style durant les plus de quarante ans (de 1807 à 1848) que couvrent ces six disques. Et on reste toujours en terrain connu – plutôt Mendelssohn que Schubert, mais parfois même déjà Brahms – tout en ayant du mal à comprendre Beethoven, qui se plaignait du caractère excessivement chromatique de ses compositions, du moins à en juger par celles‑ci.


Si Spohr a donc eu ses contempteurs, et pas des moindres, il y a bien une chose qui ne lui a jamais été déniée : l’exceptionnelle solidité de son métier. De fait, ces œuvres sont impeccablement écrites, ce qui ressort bien sûr plus particulièrement de ces quatre étonnants « doubles quatuors », qui ne sont pas des octuors, mais un dialogue entre deux quatuors distincts – il a par ailleurs composé un Concerto pour quatuor et orchestre et sa Septième Symphonie « Le Terrestre et le Divin dans la vie humaine » requiert deux orchestres.


Voilà maintenant fort longtemps que l’Octuor de Vienne, les ensembles Melos, L’Archibudelli et de l’Académie de St Martin in the Fields ont enregistré certaines de ces œuvres et que l’intégrale des Quintettes est parue chez Naxos. Très fidèle à l’esprit de Spohr, la contribution des musiciens colognais est donc plus que bienvenue, d’autant que leur démarche est exhaustive. On pourra donc passer sur quelques faiblesses instrumentales, tant dans la sonorité que dans la précision, témoignant sans doute des hautes exigences techniques de ces partitions.


Au‑delà, et sans même évoquer les neuf Symphonies, la douzaine d’opéras et la centaine de lieder, si les trente‑six Quatuors à cordes de Spohr, ou au moins une partie d’entre eux, recèlent tout autant de pépites, il va être grand temps que des musiciens curieux s’en saisissent.


Simon Corley

 

 

 

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