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09/16/2025 Camille Saint-Saëns : L’Ancêtre Jennifer Holloway (Nunciata), Gaëlle Arquez (Vanina), Hélène Carpentier (Margarita), Julien Henric (Tébaldo), Michael Arivony (Raphaël), Matthieu Lécroart (Bursica), Yui Yoshino (Une femme), Chœur philharmonique de Tokyo, Hiroyuki Mito (chef de chœur), Orchestre philharmonique de Monte‑Carlo, Kazuki Yamada (direction)
Enregistré à Monte-Carlo (1er‑6 octobre 2024) – 89’52
Livre et deux disques Bru Zane BZ 1061 (distribué par Outhere)

C’est la fondation vénitienne Palazzetto Bru Zane qui nous en offre avec ce quarante‑quatrième album de son catalogue lyrique un premier enregistrement mondial de L’Ancêtre, le dernier opéra de Camille Saint‑Saëns, réalisé à Monte‑Carlo sous la direction de Kazuki Yamada avec une distribution majoritairement française.
Après Les Barbares, Proserpine, Le Timbre d’argent, Phryné, La Princesse jaune et Déjanire, voici L’Ancêtre, dernier opéra de Camille Saint-Saëns, composé en 1905 à l’invitation pressante du prince Albert Ier de Monaco à qui il est dédié pour son opéra construit par Charles Garnier sous le mandat directorial de Raoul Gunsbourg. Après cela il n’en composera plus d’autres, se contentant de transformer en opéra sa tragédie lyrique avec chœurs Déjanire, toujours pour Monte‑Carlo.
Créé en 1906 avec une affiche prestigieuse sur laquelle figuraient Félia Litvine, Geraldine Farrar et Marie Charbonnel, L’Ancêtre connaîtra quelques reprises à Toulouse, Prague, Aix‑les‑Bains avant Paris à l’Opéra‑Comique puis outre‑mer avant une reprise à Monaco et sa disparition pendant plus d’un siècle. Le passionnant livre du Palazzetto Bru Zane contient des commentaires plutôt enthousiastes de journaux de l’époque de la création (non exempts de réserves sur la qualité du livret de Lucien Augé de Lassus) ainsi que ceux du concert organisé à Monaco en octobre 2024, dont cet enregistrement est le reflet, plutôt élogieux dans l’ensemble.
A l’audition de l’enregistrement, on n’a pas ressenti l’enthousiasme de ces commentateurs, l’œuvre semblant se dérouler comme un grand oratorio sans véritable tension dramatique. S’éloignant des sujets bibliques et mythologiques habituels au compositeur, le livret narre une vendetta à la Corse dans le sillage du vérisme en vogue à l’époque, avec une dose de piété et des allusions patriotiques à la guerre et une bonne dose d’hymne à la nature.
La distribution de cet enregistrement est certainement vocalement irréprochable tout comme de style et de prononciation. L’Orchestre philharmonique de Monte‑Carlo, sous la direction de Kazuki Yamada, et, encore plus étonnant, le superbe Chœur philharmonique de Tokyo, préparé par Hiroyuki Moto, sont magnifiques. Le livre, avec ses textes signés Gabriel Fauré, Alexandre Dratwicki, Hector Cornilleau et Marie‑Gabrielle Soret, est comme toujours d’un très grand intérêt musicologique et iconographique.
Olivier Brunel
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