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04/13/2025 Gustav Mahler : Symphonie n° 7 en mi mineur Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks, Sir Simon Rattle (direction)
Enregistré en public à l’Isarphilharmonie im Gasteig, Munich (6‑8 novembre 2024) – 75’34
BR Klassik 900225 – Notice (en allemand et en anglais) de Jörg Handstein

Et de trois ! Sir Simon Rattle nous livre ici sa troisième symphonie de Gustav Mahler (1860‑1911) à la tête de l’Orchestre symphonique de la Radio bavaroise. Après deux précédents enregistrements également captés en concert et consacrés respectivement aux Neuvième et Sixième Symphonies, le chef britannique souhaite ici s’attaquer à la symphonie de Mahler qui, hormis la Huitième mais davantage pour des problèmes d’effectifs qu’autre chose, est sans doute la moins fréquemment jouée. C’est là par ailleurs le quatrième témoignage de Rattle dans cette œuvre, au demeurant tous gravés en public, que ce soit à la tête de l’Orchestre symphonique de Birmingham (EMI, en juin 1991), de l’Orchestre philharmonique de Vienne (dans un concert du 11 mai 1995 donné dans le cadre du Mahler Feest amstellodamoise) et de l’Orchestre philharmonique de Berlin (en disque pour un concert du 26 août 2016 reporté dans un coffret Mahler édité par les Berliner Philharmoniker eux‑mêmes, et en DVD, le concert ayant été capté aux Proms le 2 septembre de la même année, avant d’être édité chez Unitel). C’est d’ailleurs dans le cadre de cette tournée avec la Septième Symphonie que nous avions eu la chance d’assister à un des concerts berlinois avant que l’orchestre ne la donne ensuite à six reprises dans le cadre d’une tournée américaine, ce concert étant par ailleurs publié sur le Digital Concert Hall du Philharmonique de Berlin.
Autant nous avions été impressionné par le concert berlinois, autant le présent disque nous enthousiasme moins. Le premier mouvement s’avère globalement assez poussif, voire statique (par exemple le passage à partir de 1’45). L’orchestre brille certes de mille feux (on n’aura pas assez de lauriers à distribuer mais citons pêle‑mêle le tenorhorn introductif, le violon solo de Radoslaw Szulc, le pupitre de trompettes...) et Sir Simon Rattle opte pour un raffinement interprétatif évident, usant souvent d’un rubato assez marqué mais toujours fait avec goût et respectant pleinement l’esprit de l’œuvre. Mais, pour autant, on ressent parfois des baisses de tension et une vision qui, par moment, semble davantage aligner les épisodes, les uns après les autres, au détriment de la grande arche qui devrait en principe englober ce vaste Langsam (Adagio) - Allegro risoluto, ma non troppo. La première Nachtmusik est absolument sensationnelle : un cor solo à se damner (visiblement Pascal Deuber si l’on se fie à un œil averti), des accents sarcastiques à souhait, une capacité pour chaque pupitre à se fondre dans l’ensemble (l’entrée des violoncelles à 3’19 !)... Un des grands mérites de Rattle dans cette page est de réussir à l’intégrer dans la symphonie tout en lui conférant un caractère chambriste très prononcé : magnifique !
Par contraste sans doute, le troisième mouvement Scherzo. Schattenhaft déçoit assez franchement puisque, si l’orchestre demeure irréprochable, tout cela manque de folie, de tension, de désordre même au sens où Abbado (avec Berlin, en concert) ou Kondrachine par exemple (à la tête de l’Orchestre du Concertgebouw d’Amsterdam) savaient le faire. La seconde Nachtmusik laisse également une impression mitigée ; de très beaux moments à l’évidence mais le chef ne laisse pas l’orchestre suffisamment respirer, prendre son temps, chose que, là encore, Claudio Abbado savait si bien faire, conférant par là même à certains passages des couleurs presque brucknériennes. Le dernier mouvement est en revanche parfaitement conduit, témoignant des affinités que l’orchestre a avec cette œuvre, lui qui l’avait déjà enregistrée à au moins quatre reprises (sous les baguettes de Kubelík en 1976, Maazel en 2002, Jansons en 2007 et Haitink en 2011). Une version de luxe certes mais, pour qui souhaiterait découvrir ou bénéficier des aspérités de l’œuvre mahlérienne, sans doute un second choix.
Le site de l’Orchestre symphonique de la Radio bavaroise
Sébastien Gauthier
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