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03/26/2025
Florentine Mulsant : Quatuors à cordes n° 1, opus 26 [1], n° 2, opus 35 [2], n° 3, opus 47 [3], n° 4, opus 54 [4], n° 5, opus 88 [5], et n° 6, opus 99 [6]
Quatuors Akilone [4], Debussy [2, 6], Varèse [3], Una Corda [1] et Yako [5]
Enregistré à La Crypte, Lagorce (8‑12 mai 2023) – 94’
Album de deux disques AR RE-SE AR 2023‑1 – Notice en français et anglais
Ancienne élève d’Allain Gaussin, Alain Bancquart et Franco Donatoni, Florentine Mulsant (née en 1962) se consacre entièrement à la composition après avoir enseigné l’écriture. S’inscrire dans le courant « moderniste » cultivé par ses maîtres eût été forcer sa nature. Du contrepoint reçu en partage à la Schola Cantorum elle a écarté les développements scholastiques au profit des dialogues expressifs constitués de figures ramassées, au ton interrogatif. Auprès de sa musique de piano, toute en « figures de résonances », le cycle des quatuors, étalé sur une période de dix‑huit ans, valorise une écriture plus linéaire et contrapuntique, avec un souci formel notable.
Cela dit, chaque quatuor a son atmosphère – le fait d’écarter l’ordre chronologique en renforce la variété : très lyrique Sixième Quatuor, qui rappelle le dernier Quatuor de Béla Bartók ; puis un Troisième Quatuor plus aventureux sur le plan du travail motivique ; constitué de cinq mouvements enchaînés, le Premier Quatuor cultive moins la séduction mélodique que les tensions harmoniques, les références à Ainsi la nuit d’Henri Dutilleux allant de pair avec un soin particulier accordé aux textures ; la forme en arche du Deuxième Quatuor qui ouvre le second disque n’empêchera pas la compositrice de décaler le poids émotionnel sur le déclamatoire quatrième mouvement, prélude à un Final en ostinato rythmique. Le Cinquième Quatuor rappelle par endroits Chostakovitch (récitatif liminaire), deux mouvements élégiaques ceinturent un mouvement médian plus rapide ; émaillé de coups d’archet autoritaires, le Quatrième Quatuor, enfin, revisite les formes consacrées (sonate bithématique, thème et variations, etc.).
A l’instar de l’enregistrement pour le même éditeur (2019) des œuvres pour piano de la compositrice confiées à trois jeunes pianistes (Alexandra Matvievskaya, Lorène de Ratuld et Lydia Jardon), ce sont ici cinq quatuors qui officient, le Quatuor Debussy assumant les Premier (conçu à l’origine pour l’émission « Alla Breve » de France Musique) et Deuxième (qui lui est dédié). On n’entrera pas dans le détail de chaque interprétation. A la réserve du Troisième Quatuor, déjà enregistré par le Quatuor Manfred, il s’agit de premières mondiales. La captation en La Crypte de Lagorce (Ardèche) sur une période resserrée accentue l’unité de ce cycle de quatuors où Florentine Mulsant entend moins remettre en question l’héritage du genre qu’à le questionner avec ferveur et lui faire rendre fruits nouveaux.
Jérémie Bigorie
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