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11/21/2024
Wolfgang Amadeus Mozart : Concerto pour flûte n° 1 en sol majeur, K. 285c [313], et n° 2 en ré majeur, K. 285d [314] – Concerto pour flûte et harpe en do majeur, K. 297c [299]
Sandrine Chatron (harpe), Les Musiciens de Saint-Julien, François Lazarevitch (flûte et direction)
Enregistré salle Colonne, Paris (juin 2023) – 70’35
Alpha 1065 (distribué par Outhere) – Entretien (en français, anglais et allemand) entre François Lazarevitch et Claire Boisteau


Sélectionné par la rédaction





Wolfgang Amadeus Mozart : Concerto pour clarinette en la majeur, K. 622
Sabine Meyer (clarinette), Kammerorchester Basel, Giovanni Antonini (direction)
Enregistré en public en l’église de Saanen (juillet 2022) – 28’
Alpha 1108 (distribué par Outhere)





Avec ces deux disques récents, nous avons deux standards de la musique concertante de Mozart qui trouvent là, disons‑le d’emblée, deux interprétations du plus haut niveau.


Commençons par les Concertos pour flûte qu’interprète François Lazarevitch à la tête de ses Musiciens de Saint‑Julien, un flûtiste et un ensemble que nous n’avons guère l’habitude d’entendre dans ce type de répertoire concertant, ce dont le soliste s’explique parfaitement dans la très intéressante notice d’accompagnement du disque. Ce qui frappe avant tout, c’est le naturel de l’interprétation, cette « sublime simplicité » à laquelle Lazarevitch fait allusion dans l’entretien avec Claire Boisteau. Les trilles, les appogiatures, les contrastes, autant de traits particulièrement visibles dans les cadences (notamment celle du Concerto pour flûte et harpe à partir de 5’25) : tout est joué avec un sentiment d’évidence qui renouvelle quelque peu l’interprétation de ces pièces, lesquelles, y compris sous la baguette de certains « baroqueux », ont parfois pu disparaître sous des ornementations et des effets anti‑musicaux au possible. Originellement déstiné au hautbois, le Concerto K. 314 illustre à merveille le superbe dialogue entre l’orchestre (très vivant comme on peut l’entendre dans le premier mouvement) et la flûte soliste, aucun des deux ne tirant la couverture à soi et préférant bien au contraire instaurer un subtil jeu de questions/réponses. L’Adagio ma non troppo frappe par sa sérénité et la souplesse d’une interprétation qui, grâce à une belle fluidité, parvient à un équilibre que le Rondo conclusif illustre à son tour avec vivacité.


Il est sans doute très difficile de jouer le Concerto pour flûte et harpe après tant de gravures et le sentiment qu’il va être difficile d’en renouveler l’approche ; c’est pourtant ce que réussissent parfaitement Sandrine Chatron, usant d’une harpe du célèbre facteur François‑Joseph Naderman (1781‑1835), et François Lazarevitch, jouant une flûte à huit clés fabriquée il y a quelques années par Rudolf Tutz père (1940‑2017). L’équilibre entre les deux solistes est préservé d’un bout à l’autre du concerto avec une mention particulière pour le mouvement lent, dans lequel transparaît une totale liberté de jeu de la part des deux instruments mis en valeur ici. Le naturel de l’interprétation est renforcé par un excellent ensemble orchestral qui, sous la houlette du premier violon Josef Zák, livre de très beaux moment à l’instar de l’introduction du Rondeau. Allegro aux cordes dansantes et au hautbois enjôleur.


Le Concerto K. 313 est sans doute l’œuvre la moins connue de ce disque, même s’il a été joué par les plus grands (Galway, Nicolet, Pahud, Rampal...). L’orchestre se montre de nouveau sous son meilleur jour, avec de très belles sonorités, une légèreté très en adéquation avec le jeu souverain de François Lazarevitch : les volutes se succèdent, la cadence est mutine, les difficultés techniques sont parfaitement maîtrisées : du grand art. Après un Adagio ma non troppo où l’accompagnement fait ressortir des sonorités dignes de la Gran Partita, flûte et orchestre concluent par un Rondo. Tempo di Minuetto facétieux, sans raideur, qui couronne un disque de tout premier ordre pour qui n’aurait pas encore ces œuvres dans sa discothèque (et même qui les posséderait déjà...).


Sabine Meyer a déjà enregistré le Concerto pour clarinette de Mozart à deux reprises : sous la direction de Hans Vonk avec la Staatskapelle de Dresde en 1990 et sous celle de Claudio Abbado, en concert, avec le Philharmonique de Berlin, au mois de décembre 1998 (deux disques parus chez EMI). Dans les deux cas, elle recourait à la clarinette de basset pour mieux adopter la tessiture voulue par Mozart lorsqu’il a composé son concerto à l’attention de l’ami Anton Stadler, principalement dans les graves. La voici qui présente, dans un disque uniquement audible sous forme numérique (dont on ne discutera donc pas le minutage des plus réduits), une troisième version, toujours sur clarinette de basset. Force est de constater que la conception de la clarinettiste allemande n’a guère changé et que les fondamentaux demeurent : fluidité du jeu, facilité technique évidente, cadences et appogiatures de bon aloi. Ce qui séduit surtout, c’est l’accompagnement orchestral et l’alliance des sonorités avec l’instrument soliste. L’Orchestre de chambre de Bâle bénéficie d’une réactivité que l’on ne ressent pas dans les précédentes gravures de Sabine Meyer même si, à notre sens et après réécoute, les cordes berlinoises s’avèrent d’une plus grande souplesse. L’Allegro va sans cesse de l’avant, Sabine Meyer veillant parfaitement à ménager les moments de « pause » qu’offre la partition (à 9’10 par exemple) au milieu de traits tous plus acrobatiques les uns que les autres, l’ensemble bénéficiant d’une lecture des plus naturelles. L’Adagio, dont on sait que c’est sans doute l’une des pages les plus difficiles à jouer du répertoire pour clarinette tant le climat doit être d’une justesse absolue (pour une fois, ce n’est pas la technique qui offre de réelles embûches), est beau (on entent beaucoup de détails orchestraux, notamment les bassons) mais, étrangement peut‑être, ne touche guère ; encore une fois, tout cela est bien fait mais on ressent une certaine préciosité dans l’ensemble, la soliste prenant trop appui sur les graves avant d’enchaîner les autres phrases (le passage à partir de 2’), certains légers ralentis nous semblant au surplus assez factices. Le Rondo. Allegro, même s’il pourrait sans doute être plus brillant (Giovanni Antonini se serait‑il assagi ?), séduit encore une fois par des sonorités on ne peut plus flatteuses, par un véritable dialogue entre l’orchestre et la soliste mais dans lequel certaines options (ralentis, nuances, phrasé...) pourront ne pas convaincre totalement. Un second choix à notre sens par rapport à la version berlinoise de Sabine Meyer.


Le site des Musiciens de Saint‑Julien et de François Lazarevitch
Le site de Sabine Meyer
Le site de l’Orchestre de chambre de Bâle


Sébastien Gauthier

 

 

 

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