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10/06/2024
Edvard Grieg : Concerto pour piano en la mineur, opus 16 [1]
Piotr Ilyitch Tchaïkovski : Concerto pour piano n° 1 en si bémol majeur, opus 23 [2]
Franz Liszt : Concerto pour piano n° 1 en mi bémol majeur, S. 124 [3] – Valse‑Impromptu en la bémol majeur, S. 213 [4] – Totentanz, S. 126 [5] – Etudes d’exécution transcendante, S. 139 : 10. « Allegro agitato » [6]
Domenico Scarlatti: Sonate pour clavier en ré majeur, K. 96 [7]
Ludwig van Beethoven : Sonate pour piano n° 22 en fa majeur, opus 54 [8]
Frédéric Chopin : Fantaisie en fa mineur, opus 49 [9]
Robert Schumann: Toccata en ut majeur, opus 7 [10]

György Cziffra (piano), Orchestre philharmonique de la Radio‑Télévision française [1, 2], Orchestre national de la Radio‑Télévision française [5], Orchestre national de l’Opéra de Monte‑Carlo [3], Roberto Benzi [5], Paul Kletzki [3], Georges Tzipine [1, 2] (direction)
Enregistré en public à Monte‑Carlo (26 janvier 1960 [3]), Paris (29 janvier 1960 [10] et 19 janvier 1962 [1, 2]), Strasbourg (19 juin 1960 [4, 7, 8]), Bordeaux (11 mai 1961 [6]), Besançon (16 septembre 1961 [9]) et Montreux (20 septembre 1962 [5]) – 145’11
Album de deux disques Solstice/FY SOCD 411/12


Sélectionné par la rédaction





En 2021, Warner Classics éditait sous son étiquette Erato en un coffret de quarante‑et‑un disques orné d’une photographie de l’interprète par Robert Doisneau l’intégralité des enregistrements de studio EMI et Philips (et quelques raretés issues de la collection de la famille et de la Fondation Cziffra) entre 1956 et 1986 du pianiste d’origine hongroise Győrgy Cziffra (1921‑1994). Solstice/FY publie en deux disques un complément précieux à cette édition monumentale avec des enregistrements publics totalement inédits des années 1960 à 1962.


Après avoir publié tout ce qu’il était imaginable de trouver au studio et dans les archives les plus secrètes de la pianiste Yvonne Lefébure, les éditeurs Yvonne et François Carbou n’ont eu de cesse de nous offrir les fruits de leur curiosité inlassable et de leurs recherches avec des enregistrements des pianistes Marcel Ciampi, Blanche Selva, Dinu Lipatti et Samson François.


C’est à Győrgy Cziffra qu’ils consacrent leur dernier volume, en collaboration avec l’INA, avec un florilège d’inédits de concerts de trois années très fructueuses dans la vie de concertiste du pianiste hongrois. Et principalement, comme ils l’expliquent dans leur préface au livret magnifiquement illustré et documenté par Alain Lompech, pour satisfaire une admiration très ancienne et sincère datant de rencontres avec le pianiste aux temps anciens de l’ORTF.


Sans vouloir revenir sur l’historique de ce fabuleux pianiste, ce que font très bien Jean‑Charles Hoffelé et Alain Lompech respectivement dans le volumineux coffret Warner/Erato et dans ce double album Solstice/FY, il faut en rappeler quelques dates. Né à Budapest en 1921 dans une famille tsigane, Győrgy Cziffra débuta autodidacte et dans des cirques avant de parfaire sa formation à l’Académie Franz Liszt. Ce n’est qu’après la guerre, une mobilisation et une captivité qu’il put fuir la Hongrie et s’installer en France, qui lui offrit sa nationalité et où il commença une carrière pas toujours facile sous le nom de Georges Cziffra.


Dans le livret, Alain Lompech développe les étapes de cette carrière et les malentendus et préjugés dont le pianiste fut la victime. Il fit cependant une très belle carrière discographique, comme en témoigne le coffret Warner, et fonda le Festival de La Chaise‑Dieu puis celui de Senlis et la Fondation Cziffra, qui y est basée. Il écrivit en collaboration avec son fils Győrgy une autobiographie, Des canons et des fleurs, parue en 1977 chez Robert Laffont.


Si Liszt se taille la part du lion dans ce programme d’inédits, y figurent les deux grands concertos du répertoire romantique. Le Premier Concerto de Tchaïkovski qui figurait bien sûr dans le coffret Warner dans une version live avec l’Orchestre national de la Radio-Télévision française (RTF) dirigé par Carlo Maria Giulini en 1957, est ici joué en 1962 avec l’autre orchestre de la RTF, le Philharmonique, et dirigé par Georges Tzipine, également pris sur le vif au Théâtre des Champs‑Elysées. Dans le premier mouvement surtout, le son est un peu dur pour l’orchestre mais le pianiste y affiche une liberté de ton et une sonorité brillante qui nous semblent supérieures à la version Giulini, plus policée et dont la partie orchestrale est mieux tenue. Il est à noter que le coffret Warner contient deux versions de en studio du même concerto, avec le Philharmonia et André Vandernoot (1958) et une autre avec l’Orchestre national de la Radiodiffusion française et Pierre Dervaux (1957).


Le Concerto en la mineur de Grieg, également avec le Philharmonique de la RTF dirigé par Georges Tzipine en 1962 au Théâtre des Champs‑Elysées, figurait deux fois dans le coffret Warner dans des versions plus tardives avec le Philharmonia et André Vandernoot (1978) et avec l’Orchestre symphonique de Budapest sous la direction de son fils, Győrgy Cziffra junior (1969. La version live l’emporte sur ces deux versions de studio, le pianiste s’abandonnant plus volontiers aux effusions romantiques de l’œuvre et étant particulièrement à l’aise avec ses traits virtuoses ce soir‑là, au prix parfois d’une petite avance sur l’orchestre !


Liszt se taille la part du lion dans l’album Solstice/FY, avec une sinistre Danse macabre que dirige Roberto Benzi avec le National de la RTF au Festival de Montreux-Vevey (1962). Elle figure également deux fois dans le coffret Warner dans des versions de studio (Philharmonia/Vandernoot, 1964, et Orchestre de Paris/G. Cziffra Jr., 1972), couplée à chaque fois avec la Fantaisie hongroise. Le Premier Concerto de Liszt, dirigé en 1960 à Monte‑Carlo par Paul Kletzki, avec qui il semble qu’il s’entendait bien au concert, pétille de mille feux. Le coffret Warner comporte les deux concertos deux fois sous les directions de Vandernoot (1964) et G. Cziffra Jr. (1972).


Quelques solos les complètent : une ébouriffante Toccata de Schumann (Théâtre des Champs‑Elysées, 1960), la Sonate « La Chasse » de Scarlatti, la Vingt‑Deuxième Sonate de Beethoven, où on ne le trouve pas vraiment dans son univers même si le jeu est très musical, une Fantaisie de Chopin un peu brusquée mais passionnée (Festival de Besançon, 1961 – le reste du récital, si cela en est un, doit bien exister quelque part...) et deux pièces de Liszt virtuosissimes, la Valse-Impromptu et la Dixième des Etudes d’exécution transcendante, très probables bis de concert.


On applaudit donc énergiquement la sortie de ces inédits, qui montrent un Győrgy Cziffra toujours plus à l’aise, pour les œuvres concertantes du moins, en concert qu’au studio.


Olivier Brunel

 

 

 

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