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09/09/2024
Plain-chant : In paradisum
Wolfgang Amadeus Mozart : Ach, zu kurz ist unsers Lebenslauf, K. 228 n° 2 [515b n° 2] – Miserere mei, K. 90 – Requiem, K. 626 – Ne pulvis et cinis, K. Anh. 122 [336a n° 7] – Solfeggio, K. 393 n° 2 [385b n° 2] (orchestration Vincent Manac’h) – Quis te comprehendat, K. Anh. 110 [370a n° 3] – O Gottes Lamm, K. 343 n° 1 [336c n° 1] (orchestration Manac’h)

Chadi Lazreq (soprano garçon), Ying Fang (soprano), Beth Taylor (mezzo), Laurence Kilsby (tenor), Alex Rosen (basse), Pygmalion, Raphaël Pichon (direction)
Enregistré à Namur (septembre 2023) – 73’
Harmonia mundi HMM 902729


Must de ConcertoNet





Voilà un Requiem de Mozart exceptionnel à tous égards.


D’abord évidemment par son ordonnancement, en lien avec le spectacle de Romeo Castellucci créé à Aix‑en‑Provence en 2019 et présenté ensuite dans plusieurs lieux, notamment à La Monnaie au printemps 2022. S’il part de la traditionnelle version achevée par Süssmayr (« un choix du cœur »), Raphaël Pichon la complète non seulement par une introduction – un In paradisum en plain‑chant confié à un jeune garçon, Chadi Lazreq, interrompu par un bref canon à quatre voix a cappella, Ah, trop courte est notre vie (1787), et un Kyrie (1771), évidemment en  mineur, dont les paroles deviennent ici « Miserere mei » – mais aussi par une péroraison – le retour du chant grégorien, cette fois‑ci jusqu’à son terme et avec des effets d’échos.


Il y introduit également diverses pages écrites par Mozart ou adaptées de ses musiques : Ne pulvis et cinis, qui met des paroles latines sur un extrait de la musique de scène pour Thamos (1773) ; un Solfeggio (1782) orchestré par Vincent Manac’h ; Quis te comprehendat, qui greffe un texte latin sur l’Adagio de la Dixième Sérénade « Gran Partita » (1781) ; le chant d’église O Gottes Lamm (1779), lui aussi orchestré par Manac’h. Enfin, Pichon propose, « à la suite du Lacrimosa, une expérience du vide par l’esquisse inachevée de ces quelques mesures de l’Amen fugué qui aurait peut‑être clôturé [sic] la Sequentia » avant de mener à l’Offertorium


Tout cela semble disparate mais s’enchaîne pourtant parfaitement, tout en éveillant des souvenirs – ainsi de cet extrait de Thamos qui est déjà la dernière scène du Commandeur de Don Giovanni, de ce Solfeggio qui est déjà le Kyrie de la Messe en ut mineur ou de ce motet dont la suavité n’est autre que celle du sublime Adagio de la Gran Partita. Ce recours à la parodie, c’est‑à‑dire à la conception de textes destinés à être chantés sur des airs connus, eux‑mêmes originellement chantés ou non, peut surprendre, mais il fonctionne admirablement, car si le Requiem n’est sans doute pas l’œuvre la plus homogène de Mozart, ne serait‑ce que parce que Süssmayr y a contribué, ces différents ajouts ne lui font pas perdre en homogénéité.


Si captivante soit‑elle, cette démarche serait vaine sans la réussite époustouflante de l’interprétation. Le chef frappe par la fermeté de sa direction : élan du Kyrie, urgence du Dies iræ, tranchant du Rex tremendæ, coups de boutoir du Confutatis, hargne du Domine Deus, mordant de l’Osanna. Ceci pour les passages rapides et tendus, mais règne ailleurs un recueillement saisissant. Avec trente cordes seulement, l’ensemble sonne avec la puissance d’un orchestre moderne et les différentes voix sont toujours mises en valeur avec soin. Attentifs au moindre mot, les trente‑six chanteurs du chœur sont somptueux, d’une plénitude sonore enveloppante. S’y ajoutent d’excellents solistes parfaits, très typés mais bien assortis : soprano angélique de Ying Fang, mezzo riche et profond de Beth Taylor et basse retentissante d’Alex Rosen dans le Tuba mirum, jusqu’au jeune Chadi Lazreq, étonnant de justesse.


Une rare aventure musicale et humaine.


Le site de Pygmalion et de Raphaël Pichon
Le site de Beth Taylor
Le site de Laurence Kilsby
Le site d’Alex Rosen


Simon Corley

 

 

 

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