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08/24/2024
« Mythos »
Franz Schubert : Der König in Thule, D. 367 – Fahrt zum Hades, D. 526 – Totengräbers Heimweh, D. 842 – Erlkönig, D. 328 – Am Bach im Frühling, D. 361 – Der Wanderer, D. 493 – An Schwager Kronos, D. 369
Carl Loewe : Archibald Douglas, opus 128 – Meerfahrt, opus 93 – 3 Balladen von Goethe, opus 44 : 3.« Der Totentanz » – Romanzen und Balladen, opus 9, Heft 1 : 4. « Geisterleben » – Rückerts Gedichte, opus 62, Heft I : 4. « Süsses Begräbnis » – Romanzen und Balladen, opus 9, Heft 1 : 3b. « Wandrers Nachtlied I » – 3 Gesänge, opus123 : 3. « Die Uhr »

Konstantin Krimmel (baryton), Ammiel Bushakevitz (piano)
Enregistré au Studio 2 de la Radio bavaroise, Munich (janvier et février 2024) – 68’01
Alpha/BR-Klassik 1088 (distribué par Outhere)


Must de ConcertoNet





Pour chanter le lied allemand, toute une génération de barytons post-Dietrich Fischer-Dieskau (1925‑2012), le maître du lied d’après‑guerre, principalement ses élèves et qui en avaient dignement pris la relève, est en train de quitter progressivement la scène. A ces Thomas Hampson, Andreas Schmidt, Matthias Goerne, Robert Holl (lui élève de Hans Hotter, autre maître), Thomas Quasthoff, Wolfgang Holzmair, Christian Gerhaher et Jonas Kaufmann succède aujourd’hui une jeune génération de laquelle émergent les noms de Samuel Hasselhorn et Konstantin Krimmel, qui viennent de produire les deux récitals les plus passionnants depuis longtemps.


A 29 ans, le baryton germano-roumain Konstantin Krimmel continue de susciter une profonde admiration : après sa Belle Meunière (Alpha), son album « Saga » chez le même éditeur et quelques lieder de Brahms accompagnés par Hélène Grimaud chez Deutsche Grammophon, il vient de donner, toujours avec la pianiste française, un récital entier de chants de Brahms et Silvestrov au Festival de piano de la Ruhr 2024 à Dortmund, disponible sur arte.tv.


Dans cet album, il s’attaque aux lieder et ballades traitant de la mythologie chez Schubert et Loewe. Tous les grands thèmes du romantisme – la mort, la solitude, la nature inaccessible, la fascination pour le Moyen Age, se succèdent dans ces lieder (plutôt romances) et ballades de ces deux compositeurs contemporains (même si Loewe vécut deux fois plus vieux que Schubert).
Le programme est admirable, qui alterne quatorze chefs‑d’œuvre, couplés par deux et parfois quasiment enchaînés, des deux compositeurs dans un ordre très savant mettant en regard les thématiques et alternant le plus grave et le (relativement) plus léger. Aucun des interprètes légendaires de ces pièces (on pense à Fischer‑Dieskau mais aussi Hotter et Hermann Prey) n’a jamais osé composer au disque et encore moins au concert de telles juxtapositions que la mode des programmes thématiques autorise aujourd’hui.


Evoquons d’emblée les qualités vocales de Konstantin Krimmel, qui sont superlatives, notamment la beauté d’un timbre d’une suavité presque brumeuse : il semble se jouer de sa tessiture homogène de baryton tant les aigus sont faciles et les graves profonds toujours bien timbrés. Il maîtrise la mezza voce et toutes les nuances notamment les plus douces sans jamais falsettiser, avec un contrôle impressionnant. La diction est magnifique, alliée, on le verra, à des qualités d’intelligence du texte et facilité du récit impressionnantes.


On peut détailler tout le programme en trouvant à chaque pièce des qualités propres. De Schubert, Der König in Thule tout comme pour Der Wanderer, il fait un récit vivant sans aucun expressionnisme (le péché mignon de nombreux de ses prédécesseurs, dont Gerhaher et Goerne). Même talent de conteur pour Erlkönig et Fahrt zum Hades, avec moins de distance qu’y mettait Fischer‑Dieskau mais chantés avec sobriété. Totengräbers Heimweh, le plus noir de tous, exploite de façon impressionnante son registre grave et sombre. Am Bach in Frühling (tout comme son pendant idéal dans le programme, Süsses Begräbnis de Loewe), deux romances sentimentales chantées sans une ombre de sentimentalisme, sont des exemples de perfection de chant en messa di voce.


Des longues ballades de Loewe (Archibald Douglas, Der Totentanz), il maîtrise sans laisser faiblir l’intérêt le noble talent de récitation et la création sonore de personnages, tout comme dans son hypnotisant Erlkönig, qui en exige plusieurs. Die Uhr conclut avec un mélange d’humour et de nostalgie cette suite de microcosmes dont on attend avec impatience une suite en espérant qu’il restera fidèle à Ammiel Bushakevitz, la perle des accompagnateurs, qui réussit à allier fidélité au texte, virtuosité et soutien au chanteur avec un discours et une sonorité personnels à la hauteur de son partenaire avec qui il semble respirer le même air.


Olivier Brunel

 

 

 

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