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06/22/2024 « Enigma »
Andreas Tsiartas : Lamento turco
Serge Rachmaninov : 14 Romances, opus 34 : 14. « Vocalise » – 6 Romances, opus 38 : 6. « A‑Ou ! »
Franz Schubert : Der Hirt auf dem Felsen, D. 965 – Nachtstück, D. 672
Olivier Messiaen : Harawi : 6. « Répétition planétaire » & 10. « L’Escalier redit, gestes du soleil »
Enigma (Improvisation)
Hugo Wolf : Mörike-Lieder : 11. « An eine Äolsharfe »
Maurice Ravel : 5 Mélodies populaires grecques : 4. « Chanson des cueilleuses de lentisques »
Jörg Widmann : Sphinxensprüche und Rätselkanons Sarah Aristidou (soprano), Jörg Widmann (clarinette), Daniel Arkadij Gerzenberg (piano, récitant)
Enregistré à Berlin (22‑25 juin 2020) – 73’06
Alpha 740 (distribué par Outhere)
Sélectionné par la rédaction
Après « Æther », la soprano franco-chypriote Sarah Aristidou (née en 1991) réalise chez le même éditeur un deuxième album, « Enigma », dont la thématique mystique est la quête du son original.
Sarah Aristidou sait bien s’entourer car après Daniel Barenboim, le flûtiste Emmanuel Pahud et le guitariste Christian Rivet pour « Æther », ses partenaires pour « Enigma » sont deux Allemands, le formidable pianiste et poète Daniel Arkadij Gerzenberg (né en 1991) et le compositeur, chef d’orchestre et clarinettiste Jörg Widmann (né en 1973).
Comme précédemment, le répertoire est très recherché et le reproche que l’on avait pu faire de choix dans un répertoire un peu éloigné du type vocal de la soprano est écarté à deux exceptions près, deux lieder de Schubert et de Wolf chantés avec un style beaucoup trop éthéré alors que – le soutien de la merveilleuse clarinette de Jörg Widmann n’y est pas pour rien – le long lied Le Pâtre sur le rocher de Schubert est d’une magnifique tenue vocale et stylistique, même si la diction est sacrifiée à la ligne de chant.
Le programme se veut une recherche du mystère de la vie depuis son alpha jusqu’à son oméga. Il commence sur un merveilleux exercice vocal qu’est le Lamento turco du Chypriote Andreas Tsiartas (né en 1986), une lamentation planante sur la voyelle « A ». Sarah Aristidou y excelle, autant que dans les deux romances de Rachmaninov qui suivent, « Vocalise » et « A‑ou ! », qui mettent parfaitement en valeur son tempérament dramatique , sa virtuosité et la sûreté de ses aigus. Elle est cependant à son mieux dans les deux incantations du cycle Harawi, chants d’amour et de mort de Messiaen, superbement accompagnée par le pianiste Daniel Arkadij Gerzenberg. C’est à lui qu’elle doit Enigma, une improvisation sur un poème de sa plume dans lequel l’accompagnement très mystérieux (bruitage, électronique, piano ?) se veut la rencontre du vent et d’une harpe éolienne.
La « Chanson des cueilleuses de lentisques » extraite des Mélodies populaires grecques de Ravel ajoute une pierre au charme méditerranéen de l’ensemble, qui s’achève, comme dans « Æther » par une composition de Jörg Widmann, Dictons de sphinx et canons énigmatiques qui, mêlant les sons « A » et « O », achève cette superbe méditation sur le son.
Le site de Sarah Aristidou
Le site de Jörg Widmann
Olivier Brunel
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