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04/03/2024 Anton Bruckner : Symphonie n° 7 (édition Nowak) Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks, Bernard Haitink (direction)
Enregistré en public à Munich (19‑20 novembre 1981) – 63’48
BR-Klassik 900218
Must de ConcertoNet
Nul doute que parmi les symphonies de Bruckner qu’il a si souvent défendues, la Septième revêtait une importance particulière pour Bernard Haitink (1929‑2021) : non seulement elle a jalonné sa carrière discographique – Amsterdam (1966, 1978, 2006), Chicago (2007), Berlin (2019) – mais c’est celle qu’il a choisie en 2019 pour ses derniers concerts à Amsterdam, avec le Philharmonique de la Radio néerlandaise (Challenge Classics), puis pour ses adieux, avec le Philharmonique de Vienne, au cours d’une tournée qui s’est achevée le 6 septembre 2019 à Lucerne et dont des témoignages salzbourgeois, quelques jours plus tôt, ont été conservés tant au disque (Wiener Philharmoniker) qu’en vidéo (Unitel).
Même si un léger ralentissement des tempi peut être observé, il serait difficile de prétendre que la conception a fondamentalement évolué en plus d’un demi‑siècle. Qu’attendre, dès lors, de la restitution de soirées munichoises de novembre 1981, au‑delà du fait qu’elle permet désormais de disposer chez BR‑Klassik des six dernières symphonies de Bruckner par le chef néerlandais à la tête de l’Orchestre symphonique de la Radio bavaroise ? De fait, sans surprise, on retrouve dans cet enregistrement les principales caractéristiques de la version la plus proche (Amsterdam, 1978, Philips) : hauteur de vue, sens des équilibres et, corrélativement, refus des excès – notamment de pathos, dans l’Adagio.
Mais il y a bien davantage. D’abord une prise de son plus incarnée, d’une limpidité et d’un naturel sidérants, où rien ne sature jamais et qui permet de goûter un orchestre savoureux, notamment les bois, avec des solistes en état de grâce, et plus encore peut‑être les cuivres, qui appellent ici des qualificatifs généralement réservés aux cordes – veloutés, soyeux, parfois presque impalpables, tel ce tuba basse capable de nuances et de couleurs insoupçonnées. Un orchestre qui était pourtant alors sans directeur musical, après le départ de Kubelík (1979) puis le décès de Kondrachine (1981), qui n’avait pas même pu prendre ses fonctions, et avant l’arrivée de Davis (1983).
Ensuite des courbes mieux dessinées, une direction plus dense vibrante et intense, qui ne perd pas pour autant la mobilité, la légèreté et la luminosité qui caractérisaient la version de 1966 : voilà de quoi convaincre, comme Böhm dans sa miraculeuse réalisation zurichoise de la Huitième (1978, Palexa), que Bruckner n’est pas nécessairement synonyme de pompe, de lourdeur et d’indigestion.
Tout semble couler parfaitement de source, ce qui constitue toujours un défi dans l’appréhension de ces immenses architectures : une vision idéale et donc, sans la moindre hésitation, un « Must de ConcertoNet ».
Simon Corley, Sébastien Gauthier et Gilles d’Heyres
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