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01/15/2024
Christian Wasselin : Le Paris de Berlioz
Editions Alexandrines – 130 pages – 10 euros





Dans la collection des « Paris des artistes », riche bientôt d’une quarantaine d’ouvrages, étaient déjà parus jusqu’à il y a peu des petits livres faciles à lire et consacrés à la capitale au travers du prisme des existences d’artistes comme celles de Cocteau, Gainsbourg, Brassens, Picasso, mais essentiellement des écrivains. Celui qui vient d’être consacré au Paris de l’époque de Berlioz est le premier de la série qui évoque un compositeur classique et un moment de l’histoire de la vie musicale classique de Paris, en l’espèce l’époque romantique.


L’ouvrage est signé de Christian Wasselin, auteur de romans, de poèmes et d’essais sur des musiciens, notamment sur Berlioz qu’il connaît donc parfaitement. Ici, l’on suit ce dernier et la capitale de 1821, année où le compositeur débarque à Paris pour effectuer des études de médecine afin de satisfaire son père médecin, à son décès en 1869 à l’âge de soixante‑cinq ans et son enterrement au cimetière de Montmartre, en passant par les Trois Glorieuses de 1830, qui enthousiasment le compositeur, et la révolution de 1848 qu’il condamne, à l’inverse.


L’ouvrage est moins un portrait de Paris et de sa vie musicale, que Berlioz finit d’ailleurs par exécrer, qu’une énième biographie de l’auteur de la Symphonie fantastique, au demeurant largement fondée sur ses écrits. Il est vrai que ceux‑ci, souvent admirables, constituent une mine ; ils sont fort nombreux entre articles de presse (un millier à peu près semble‑t‑il), correspondance, Mémoires ou nouvelle utopique (Euphonia ou la ville musicale qui se déroule en... 2344). On n’apprend donc rien, ou quasiment, sur la présence et la domination des compositeurs étrangers à Paris à la même époque : Rossini, Cherubini, Spontini, Meyerbeer (dont la musique était détestée par Berlioz), Donizetti, Paganini, Chopin, Liszt, Offenbach...


L’évocation des salles de concert reste aussi assez, trop, rapide. L’auteur mentionne les salles successives du Conservatoire (rue du Conservatoire, où le bureau de Berlioz et la salle où a été créée la Symphonie fantastique en 1830 sont protégés, puis rue de Madrid à partir de 1911 et enfin parc de La Villette après 1991). Il rappelle, chemin faisant, l’histoire de l’Opéra (square Louvois à partir de 1794, puis rue Le Peletier de 1821 jusqu’à l’incendie de 1873 puis place de l’Opéra à partir de 1875, l’Opéra-Bastille datant de 1989) et celle de l’Opéra-Comique (installé salle Feydeau jusqu’en 1829, au Théâtre des Nouveautés place de la Bourse à partir de 1832, puis dans les salles successives portant le même nom de Favart). Il est encore plus rapide s’agissant de la salle Ventadour (rue des Petits-Champs), de la salle Herz (rue de la Victoire), du Théâtre-Lyrique (devenu Théâtre de la Ville, place du Châtelet) ou de la salle Sainte-Cécile « dont il ne reste aucune trace ».


En dehors du rappel de ces salles, on essaye de suivre les multiples déménagements de Berlioz, sachant qu’il n’a jamais été propriétaire de son domicile et qu’à son époque, les locataires déménageaient très souvent, à Paris comme à Vienne par exemple (où on ne compte plus les immeubles rappelant par des plaques les occupations par Mozart ou Beethoven). Plus intéressantes sont donc les descriptions des grands concerts de Berlioz parmi lesquels on relève la création de la Symphonie fantastique en 1830 évidemment, la marche écrite pour la translation des victimes de la Révolution de juillet 1830 transformée ultérieurement en Symphonie funèbre et triomphale, le triste échec du Benvenuto Cellini en 1838, la première de La Damnation de Faust en 1846, les concerts monstres de 1844 pour l’Exposition internationale des produits de l’industrie, de 1845 au Cirque olympique, près de l’actuel Théâtre Marigny, ou de 1855 dans le Palais de l’industrie sur le site de l’actuel Petit Palais (à l’aide de sous‑chefs d’orchestre), la création d’une page d’un compositeur imaginaire, Pierre Ducré, en 1850 pour confondre la critique, celle du Te Deum en 1855, puis encore celle, sabotée, des Troyens en 1863.


L’ouvrage s’achève par une liste des toponymies parisiennes (rue, square, statue, école, centre sportif, médiathèque, salles, etc.) rappelant la figure de Berlioz et rattrapant en quelque sorte, mais un peu tard, l’ingratitude passée de la capitale à l’endroit du compositeur.


Le format du petit livre exclut l’approfondissement. C’est une simple balade. Mais, en fait, l’essentiel y est et constitue une introduction au total plaisante à l’univers berliozien. Il est à ce titre recommandable sans pour autant remplir l’office d’une biographie complète de Berlioz ou d’une histoire de Paris ; il ne peut qu’exciter notre curiosité ou nous inciter à en savoir plus tant sur le compositeur-écrivain – ses Mémoires sont vraiment incontournables – que sur l’histoire des salles de concert parisiennes.


Repères biographiques, bibliographie, index des noms de lieux.


Stéphane Guy

 

 

 

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