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08/18/2023 Franz Schubert : Die schöne Müllerin, D. 795 Samuel Hasselhorn (baryton), Ammiel Bushakevitz (piano)
Enregistré à Berlin (novembre 2022) – 68’31
Harmonia Mundi HMM 902720
Must de ConcertoNet
De tous les grands cycles de lieder de Schubert, La Belle Meunière semble être celui qui actuellement tente le plus les chanteurs on n’en compte plus les versions parues ces dernières années. Celle de Samuel Hasselhorn et du pianiste Ammiel Bushakevitz – le troisième album de ce jeune baryton, vainqueur en 2018 du concours Reine Elisabeth de chant pour l’éditeur français Harmonia Mundi (après de remarquables ballades romantiques avec « Glaube, Hoffnung, Liebe » et Schumann avec « Stille Liebe ») – sort immédiatement du lot grâce à l’excellence de ses deux interprètes.
Cette Meunière est en tous points somptueuse par l’interprétation intelligente et raffinée du baryton allemand tout autant que par la qualité de l’accompagnement du pianiste israélien, son meilleur partenaire au disque à ce jour. Passé l’inévitable écueil de la monotonie de « Das Wandern », le lied introductif long et strophique, on entre dans un récit à la progression dramatique parfaitement menée d’un lied à l’autre. A partir de « Tränenregen », Hasselhorn installe le récit du calvaire du jeune meunier dans la douleur que ne vient perturber aucun excès d’impressionnisme comme c’est parfois le cas dans des interprétations récentes (Matthias Goerne en particulier). On passe de l’ardeur de « Ungeduld » et de « Mein! » à la séquence qui mène à « Des Baches Wiegenlied » dans la plus belle compassion pour cette fin tragique.
La voix de Samuel Hasselhorn impressionne par la beauté de son timbre, aux aigus d’un naturel et d’une facilité confondants (il n’a jamais besoin de falsettiser), et de ses graves riches. La diction est d’un naturel irréprochable, aucune affectation, aucun ornement inutile. La ligne de chant est idéale avec une science parfaite du legato. Son accompagnateur, Ammiel Bushakevitz, mérite autant d’éloges. Ce qu’il apporte comme couleurs, tempi, contrastes, contrechants au chanteur est magnifique et sans équivalent récent dans ce cycle. On espère vivement que cette première pierre à l’édifice des cycles schubertiens ne sera pas sans suite immédiate.
Olivier Brunel
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