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03/24/2023 « Ellipses »
Luigi Boccherini : Fandango (arrangement Giovanni Sollima pour violoncelle solo)
Claude Debussy : Sonate n° 1 pour violoncelle et piano
Heitor Villa-Lobos : Bachianas Brasileiras n° 5 : 1. Aria (transcription pour violoncelle et guitare)
Willem de Fesch : Sonate pour violoncelle baroque et clavecin en ré mineur, opus VIIIb n° 3 : 1. Sicilienne
Gabriel Fauré : Sicilienne pour violoncelle et piano, opus 78
Maria Theresia von Paradis : Sicilienne en mi bémol majeur (transcription pour violoncelle et piano)
Johann Ernst Galliard : Six Sonatas for the Bassoon or Violoncello with a Thorough Bass for the Harpsichord : Sonate n° 5 en ré mineur: 3. Alla siciliana
Marin Marais : Les Folies d’Espagne (transcription Serban Nichifor pour violoncelle baroque et clavecin)
Thierry Escaich : La Follia pour violoncelle solo
Jules Matton : Détail pour violoncelle baroque et clavecin
Vladimir Kobekin : Gallardo pour violoncelle et tambourin Anastasia Kobekina (violoncelle), Vincent Boccadoro (piano), Emmanuel Arakélian (clavecin), Thibault Cauvin (guitare), Tristan Pereira (percussions)
Enregistré au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris (3‑6 mai 2021) – 51’29
Mirare MIR604 – Notice en français et en anglais
Sélectionné par la rédaction
Anastasia Kobekina, jeune violoncelliste russe née en 1994 mais résidant à Paris, dresse dans ce quatrième disque à mettre à son actif et par « ellipses » pour reprendre son titre une sorte d’histoire de son instrument de prédilection, de Boccherini à nos jours (Jules Matton est né en 1988), soit seule, soit en compagnie d’autres artistes et parfois au travers de transcriptions. L’objectif est aussi au travers d’un programme des plus éclectiques de démonter l’extrême polyvalence de l’artiste, laquelle joue d’ailleurs tantôt un violoncelle classique tantôt un violoncelle baroque. Le pari est clairement gagné à cet égard.
Certaines pièces sont connues (Sonate pour violoncelle et piano (1915) de Claude Debussy ou Aria d’Heitor Villa‑Lobos), d’autres moins (Sicilienne attribuée à tort à la compositrice autrichienne aveugle contemporaine de Mozart, Maria Theresia von Paradis, ou, par force, Détail (2021) de Jules Matton, proposé ici en création mondiale). On trouve des pièces inspirées de la musique ancienne comme ladite Sonate de Debussy mais aussi Gallardo (2016) du père de l’interprète, Vladimir Kobekin, le Fandango (1799) de Boccherini revu par le violoncelliste Giovanni Sollima en 2015 ou Les Folies d’Espagne (1701) de Marin Marais transcrite en 2013 par le compositeur roumain Serban Nichitor ou encore La Follia (2021) de Thierry Escaich. Il y a enfin une série de siciliennes : de Willem de Fesch, compositeur néerlandais, du début du dix‑huitième siècle, de Johann Ernst Galliard, compositeur allemand installé en Angleterre dans le sillage de Händel, de Gabriel Fauré (1898) ou de Maria Theresia von Paradis, composée en fait par le violoniste américain Samuel Dushkin (1891‑1976) dans les années 1960.
Les onze pièces du disque sont interprétées par la violoncelliste avec soin, sans exagération dans le beau son, sans que l’archet ne soit écrasé sur les cordes. Le sort subi par le Fandango de Boccherini agrémenté de glissandos et accompagné de castagnettes et d’onomatopées pourra laisser dubitatif, le discours étant fragmenté à l’excès tandis que la Sonate de Debussy, dont le début surprendra en raison d’un piano bien dur et autoritaire, paraîtra affectée du même défaut. Mais l’arrangement de l’Aria de Villa‑Lobos ne trahit en rien l’original : la douceur, la pudeur et le chant sont au rendez‑vous. Et les pièces du dix‑huitième siècle convainquent encore davantage même si un peu plus de... folie chez Marin Marais n’aurait pas fait de mal. On apprécie aussi La Follia de Thierry Escaich, dont l’énergie est décidément la marque de fabrique, l’étrangeté de Détail de Jules Matton, qui rappelle un peu Schnittke ou Ligeti, et la fantaisie dansante et un peu folle de la courte pièce de Vladimir Kobekin. En somme, le disque vaut le coup.
Stéphane Guy
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