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06/05/2001
John Jenkins :Consort Music for Viols
Eustache Du Caurroy :XXIII Fantaisies
Hespérion XX, Jordi Savall (viole et direction)
2 CD Astrée Naïve, vendus séparément.
Finesse du trait, pureté du signe, comme un peintre chinois ou un Apelle l’entend, une « naissance de la musique ». Ainsi pourrait-on définir la « fancy » ou fantaisie du premier dix-septième siècle. D’après André Bernold, la musique trouverait sa place « à la racine de l’extinction des sons ». La viole est l’instrument par excellence qui saisit cette essence naissante ou finissante, où le charme précède le son, où le modelé rime avec la fluidité. De ce trait insensible se dégage l’écume de l’In Nomine n°1, par exemple, de John Jenkins (1592-1678) qui compose pour un consort à six voix, dans les années 1620-30. Outre la technique contrapuntique, habituelle, Jenkins, avec les compositeurs jacobéens, insère dans son écriture des échos de danses, madrigaux, et double-choeurs notamment. Dans les fantaisies d’Eustache Du Caurroy (ca. 1549-1609), l’unité des violes est complétée par tout un ensemble de vents et de cordes pincées. Chez lui, ce genre de l’invention compositionnelle met en avant l’autonomie de l’ensemble instrumental. Publiées à Paris, chez Pierre Ballard, en 1610, par le neveu du maître de musique de la Chapelle du Roi, André Pitart, ces quarante deux « Fantaisies à III, IIII, V, et VI parties » constituent une date importante dans l’histoire de la forme. Véritable somme de la maîtrise contrapuntique, les pièces mettent en jeu toute la philosophie des mathématiques et des proportions qui régnaient dans le Quadrivium. Dès lors, l’unité du nombre rejoint celle de l’homme et de son monde. Jordi Savall excelle dans chaque dimension de la fantaisie, avec le concours des Jay Bernfeld, Bruce Dickey, Pedro Memelsdorf, Pascal Montheileit, Eunice Brandao, ou Lorenz Duftschmid.
Frédéric Gabriel
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