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03/18/2023
« Récit »
Jacques Boyvin : Second Livre d’orgue : « Récit grave »
Henry Dumont : Mélanges à II, III, IV et V parties avec la basse continue : « Allemande pour l’orgue ou le clavecin, et pour trois violes si l’on veut » – Pavanne de Mons. Dumont – Motets à deux voix avec la basse continue : « Allemande en tablature d’orgue »
Marin Marais : Deuxième Livre de Pièces de viole : « Cloches ou Carillon », « Les Voix humaines », « Pavane selon le goût des anciens compositeurs de luth », « Sarabande » et « Fantaisie » – Troisième Livre de Pièces de viole : « Gigue La Chicane » & « Plainte » – Cinquième Livre de Pièces de viole : « Chaconne » & « La Mariée »
Jean-Adam Guilain : Pièces d’orgue pour le Magnificat : « Récit de tierce en taille », « Trio » & « Dialogue »
Jean‑François Dandrieu : Premier Livre de Pièces d’orgue : « Récit de tierce en taille »
Louis Couperin : La Piémontoise – Sarabande de Mons. Couperin
Louis Marchand : Pièces choisies pour l’orgue : « Récit »
Pierre Du Mage : Premier Livre d’orgue contenant une suite du premier ton : « Basse de trompette » & « Plein Jeu »
Salomé Gasselin, Mathias Ferré, Andréas Linos, Corinna Metz (viole de gambe), Emmanuel Arakélian (orgue), Justin Taylor (clavecin)
Enregistré en l’église Saint‑Apollinaire de Bolland, Belgique (juin et septembre 2021) et en la collégiale de Saint‑Ursanne, Suisse (décembre 2021) – 68’21
Mirare MIR624 – Livret (en français et en anglais) de 23 pages
 Sélectionné par la rédaction
Jeune musicienne auréolée de récompenses tant en solo qu’en ensemble, Salomé Gasselin (née en 1993) a choisi ici de faire entendre un autre répertoire français pour la viole de gambe.
Le livret, écrit par la musicienne, retrace le parcours de conception de cet enregistrement. La partie musicologique, sans être complètement maladroite, n’est pas le plus au fait de la construction de ce répertoire français du XVIIe pour instruments. Mais ce n’est qu’un détail car le travail effectué par les musiciens est très bien rendu dans le répertoire qui a été choisi.
L’enregistrement proprement dit est intéressant. Les pièces d’Henry Dumont, pas ou très peu jouées, mises en musique à trois violes, sont très bien choisies. Les pièces de Marin Marais, que l’on fait habituellement jouer durant les études au conservatoire mais quasiment jamais en concert et encore moins en enregistrement, amènent une grande délicatesse, propre à l’écriture du compositeur. Pour cela, bravo : même si Marais est une valeur sûre pour les amateurs de la viole de gambe, ici nous avons enfin autre chose que les habituelles pièces du Quatrième Livre, qui auraient pourtant leur place dans cet album, car pièces de genre et très proche du « récit » pour chanteur ou pour orgue.
La prise de son est un peu inégale. Si les pièces à plusieurs violes sont remarquables, la première souffre d’une prise de son qui aurait pu être meilleure : l’orgue « mange » l’entrée de la soliste, et laisse entendre la vibration de son tuyau le plus grave avec un léger et régulier claquement – c’est sans doute inévitable, car dû à la tessiture de cet orgue en particulier.
Le sujet du « récit », même si les tierces en taille ou les préludes peuvent justifier ce titre, s’éloigne vite dans le reste du disque, avec le choix de pièces de genre, techniquement démonstratives, loin du récit du chanteur imité par les instruments ou du récit pour orgue, mais qui tiennent plus du dialogue entre deux instruments plutôt égaux dans leurs interventions, plus proches de ce que Sainte‑Colombe nous a laissé avec ses pièces en concerts.
Si les pièces en consorts sont très bien exécutées, quoiqu’un peu sages, les solos manquent parfois de propreté : les glissandi des démanchés sont audibles, et on entend quelques accroches de cordes involontaires.
Hormis ces détails, cet album est un bel enregistrement, agréable et frais, qui nous présente une viole de gambe peu connue. Mais il faudrait plus de temps pour approfondir ce répertoire de « récit ». Un deuxième volume serait donc souhaitable afin que l’artiste puisse explorer l’autre grand récit de la musique : celui pour viole seule, plus tardif et dans la droite ligne du récit pour chanteur.
Notre entretien avec Salomé Gasselin
Apolline Croche
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