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02/13/2023 « Ode à la nuit »
Georges Bizet : Les Pêcheurs de perles : « Je crois entendre encore » (transcription Roland Pidoux)
Augusta Holmès : Ludus pro patria : 2. « La Nuit et l’Amour » (transcription Roland Pidoux)
Gabriel Fauré : Deux Mélodies, opus 46 : 2. » Clair de lune » (transcription Roland Pidoux)
Franz Schubert : Schwanengesang, D. 957 : 4. « Ständchen » – Du bist die Ruh, D. 776 – 4 Gesänge, D. 983 : 4. « Die Nacht » – Nachtgesang im Walde, D. 913 (transcription Roland Pidoux)
Antonín Dvorák : Rusalka, opus 114, B. 203 : « Chant à la lune »
Charles Gounod : Cinq‑Mars : « Nuit resplendissante » (transcription Roland Pidoux)
Johannes Brahms : 14 Deutsche Volkslieder, WoO 34 : 8. « In stiller Nacht » – 7 Lieder, opus 62 : 3. « Waldesnacht » – 5 Gesänge, opus 104 : 1. « Nachtwache I » & 2. « Nachtwache II » (transcription Roland Pidoux)
Camille Saint‑Saëns : 2 Chœurs, opus 68 : 1. « Calme des nuits » (transcription Roland Pidoux)
Richard Strauss : 3 Männerchöre, opus 123 : 2. « Traumlicht » (transcription Roland Pidoux)
Claude Debussy : Nocturnes : 1. « Nuages » & 2. « Fêtes » (transcription Renaud Guieu) Ensemble Cello8 : Albéric Boullenois, Léo Ispir, Soni Siecinski, Raphaël Pidoux, Rafaèl Arreghini, Yanis Boudris, Eliott Leridon, Noé Drdak (violoncelle)
Enregistré à la salle Colonne, Paris (9‑13 octobre 2022) – 73’44
Mirare MIR578 – Notice en français et en anglais
L’ensemble Cello8, fondé par Talents & Violon’celles et composé de jeunes musiciens – curieusement tous des hommes – propose autour de Raphaël Pidoux, membre éminent du Trio Wanderer, professeur au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris, dix‑sept pièces puisées dans le répertoire vocal, avec accompagnement orchestral ou pianistique, transcrites pour huit violoncelles et inspirées par la nuit, thème retenu pour la Folle journée de Nantes de 2023.
Tantôt il s’agit de réductions en partant de pages avec orchestre, tantôt il s’agit d’augmentations lorsque les transcripteurs ont travaillé sur des pièces écrites initialement pour les seuls voix et piano. Mais dans les deux cas, l’objectif est essentiellement, comme Roland Pidoux, le principal transcripteur, s’en explique dans la notice, didactique, pour des artistes en formation. On relèvera en outre que les musiciens rassemblés par Roland Pidoux, père de Raphaël, jouent ici sur des instruments prestigieux prêtés grâce à l’intermède de Talents & Violon’celles. Sans cet apport, la plupart n’y auraient pas eu accès à cause de leur prix. C’est un aspect important du projet, principalement tourné vers les jeunes se destinant à la carrière.
Il faudrait évidemment, comme souvent en matière de transcription, oublier quelque peu les pages originales comme les compositions pour octuor à cordes de Mendelssohn, Enesco ou Villa‑Lobos et essayer de s’en tenir à ce qu’on écoute. Mais c’est naturellement difficile lorsque les pièces transcrites sont vraiment trop célèbres comme souvent ici.
Cela étant, on admire la tenue de l’Ensemble Cello8, son homogénéité, la délicatesse des phrasés et le soin de la captation. Il y a même de belles réussites : l’extrait des Pêcheurs de perles de Bizet, cantilène chaloupée, ou de Rusalka de Dvorák, au chant éperdu, ou les deux Nocturnes de Debussy, nimbés de mystère et remarquablement transcrits, par exemple. Mais le fait de retenir une formation composée d’instruments identiques fait que l’on perd souvent de la couleur et du contraste. L’interprétation conforte cette impression : la plupart des pièces sont abordées avec une extrême sagesse, pâles comme la Lune. On cherche fréquemment quelque frémissement. « Lumière de rêve » de Richard Strauss est aussi caoutchouteuse que ses Métamorphoses écrites pour vingt‑trois instruments à cordes.
Bref, on ne peut qu’applaudir et souscrire au projet mais le résultat nous semble passablement mitigé.
Stéphane Guy
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