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01/03/2023
« La Sorella mi fa fallare »
Bernardo Pasquini : Toccata, quinto tuono – Ricercare, secondo tuono
Marco Uccellini : Sonata overo Canzone 18 a quattro, opus 7 – Sonata 11 a due, La Leona, opus 3 – Sonata 28 a tre, opus 4 – Sonata 9, opus 5 – Sonata 15 a tre, La Sorella mi fa fallare, opus 3 – Aria 4 sopra la Ciaccona, opus 3 – Sonata 12, opus 5 – Sonata 12 a tre, La Tartarucca sopra Iste Confessor in Canone, opus 3 – Sonata 10, opus 5 – Sonata 16 a tre, La Vendramina, opus 3 – Sonata 26 sopra la Prosperina, a tre, opus 4 – Aria 15 sopra La Scatola da gli aghi, opus 4 – Sonata overo Canzone 20 a quattro, opus 7
Luigi Battiferri : Ricercaro 8 con tre soggetti – Ricercaro 12 con sei soggetti

Ensemble Ozio Regio : Anaëlle Blanc‑Verdin (violon), Sarah Dubus (cornet à bouquin, flûtes à bec), Mathieu Valfré (orgue, clavecin), Jean‑Baptiste Valfré (violoncelle) – Jérôme van Waerbecke (violon), Nicolas Vazquez (sacqueboute), Arnaud De Pasquale (orgue, clavecin)
Enregistré en l’abbaye de Saint-Amant-de‑Boixe, Charente (octobre 2021) – 57’04
Seulétoile SE 05 (distribué par Socadisc) – Livret (en français) de 15 pages (versions anglaise et italienne disponibles sur le site de l’éditeur)





Ozio Regio est un assez jeune ensemble qui tire son nom d’une sonate de Marco Uccellini (1603‑1680). Les instruments qui le composent sont le violon, le cornet à bouquin, le violoncelle et le clavecin. Très ancré dans la musique du seicento encore assez méconnue du grand public, cet ensemble se fait le héraut de cette période riche et qui prend bien des formes.


Le livret, assez décousu, situe très vaguement le lien entre musique et contexte scientifique et historique. Le lien entre recherche scientifique et artistique est opaque et sans doute manque de sources philosophiques dans les courants qui les accompagnent et les lient. On n’y trouvera que les grandes lignes d’une biographie partielle, car manquant d’informations sourcées ou de sources, tout simplement. Pour quiconque le lien entre le monde et les astres est obscur, et Platon comme Aristote manquent cruellement dans ce livret qui balaie en surface sans jamais donner de substance. Beaucoup de photos qui racontent toute la même chose et très peu de renseignements essentiels : qui sont‑ils ? Pourquoi Uccellini et pas Marini ou Van Eyck ? Il aurait été de bon ton de faire appel à un musicologue spécialiste de cette période même si les illustrations choisies sont très belles.


La première plage présente l’orgue magnifique de Saint-Amant-de‑Boixe, bien connu pour ses qualités particulières : il est d’esthétique flamande du début du XVIe siècle, avec ce que l’on appelle une « octave courte » et un tempérament qui privilégie les tierces : le mésotonique. La Toccata, quinto tuono ouvre donc cet enregistrement. Ce cinquième ton à l’air d’ailleurs de particulièrement convenir à cet orgue exceptionnel qu’il faut absolument aller entendre au moins une fois dans sa vie de mélomane.


Si les qualités techniques des interprètes sont indiscutables, l’entrain de l’écoute, lui, se fait plus hésitant. Tout est très propre, très maîtrisé (trop ?), comme cette très belle Sonata overo Canzone 18 a quattro, mais il manque la majesté essentielle à l’éloquence de cette musique. Pour la Sonate « La Leona », il est difficile de traduire en mots le petit rien de prise de risque qui manque dans l’archet ou dans la respiration et qui fait la différence entre la tranquille lecture un peu détachée donnant un jeu technique lisse et sans accrocs et le cheveu de retard dans le placement de la note qui en fait un mot d’un discours plus large et plus grandiose. Le discours est plat, sage, convenu. Dommage.


« La Sorella mi fa fallare », qui, en plus d’être un jeu musical, est aussi un jeu de mots à plusieurs sens, comme il est de mise dans cette période, les sens, le jeu de l’esprit de ce fameux seicento, le côté coquin de « la sœur me l’a fait faire » ne sont jamais donnés, tout est sérieux : les réponses en syncopes, les soupirs sont faits, l’harmonie passe sans que l’on nous montre ce qui doit être vu. L’Aria 4 sopra la Ciaccona sort cependant du lot, on sent la danse, on sent quelque chose qui parle, qui danse presque.


Cet enregistrement a l’avantage de présenter un compositeur bien connu des étudiants en violon ancien, mais peu du grand public, les pièces sont bien choisies et la prise de son est belle, quoique parfois le violon paraisse lointain, presque dans l’orgue, ce qui est dommage quand il est soliste. Un autre atout de ce premier enregistrement est de présenter une musique vraiment méconnue par un ensemble qui ne pourra que se bonifier avec l’âge, mais laissant une impression de froideur convenue qui peine à convaincre de sa réelle connaissance du monde foisonnant et des liens qui font du seicento une période d’une richesse et d’une complexité fabuleuses.


Apolline Croche

 

 

 

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