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08/29/2022
« Musiques du silence »
Federico Mompou : Música callada : I. Angelico, XV. Lento - plaintif, XXII. Molto lento e tranquillo et XXIV. Moderato – Préludes n° 5 et n° 7 – Paisajes
Maurice Ravel : Prélude
Erik Satie : Gymnopédie n° 1 – Gnossienne n° 5
Henri Dutilleux : Trois Préludes : 1. : « D’ombre et de silence »
Alexandre Scriabine : Cinq Préludes, opus 16 : 4. Lento – Vingt‑quatre Préludes, opus 11 : 15. Lento
Frédéric Chopin : Préludes, opus 28 : 4. Largo
Tōru Takemitsu : La Pause ininterrompue : 3. « A song of love »
Claude Debussy : Suite bergamasque : 3. « Clair de lune » – Préludes (Second Livre) : 12. « Feux d’artifice »
Enrique Granados : Danzas espanolas, opus 37 : 2. « Oriental »

Guillaume Coppola (piano)
Enregistré au Conservatoire à rayonnement départemental d’Aulnay‑sous‑Bois (février 2018) – 59’49
Eloquentia EL2159 (distribué par Outhere) – Notice en français et en anglais





L’idée d’évoquer le silence par la musique n’est pas nouvelle. Pour Claude Debussy, les deux étaient intimement liés et, la chose est connue, John Cage poussa le paradoxe à son comble en « écrivant » de la musique avec du seul silence... instrumental (4’33).


Le pianiste Guillaume Coppola (né en 1979) ne reprend pas cette dernière pièce dans cette réédition d’un disque paru en 2018 chez Eloquentia mais un certain nombre de pages de différents compositeurs qui lui semblent évoquer le silence. Evidemment, une place centrale est occupée par Federico Mompou (1893‑1987), l’auteur de Música callada (1959-1967), Musique tue, qu’on pourrait peut‑être plus joliment traduire par Musique murmurée. Le pianiste ne retient que quatre pièces de ce recueil qui en comporte vingt‑huit et il les sépare par des Préludes du même compositeur, de Maurice Ravel (1875‑1937), d’Henri Dutilleux (1916‑2013), de Frédéric Chopin (1810‑1849), de Claude Debussy (1862‑1918) et d’Alexandre Scriabine (1872‑1915) ainsi que par d’autres pièces du même Mompou, d’Erik Satie (1866‑1925), de Tōru Takemitsu (1930‑1996) et d’Enrique Granados (1867‑1916), mises en miroir comme on dit maintenant.


On nous permettra de garder un faible pour l’enregistrement de Música callada par son auteur, déjà âgé mais qui continue de nous envoûter littéralement, de nous arracher des larmes, depuis de nombreuses années ; on y sent un homme à la fin de son existence. Ici Guillaume Coppola insiste davantage sur les résonances tout en étant attaché à la transparence sonore. Il ralentit beaucoup mais on est sensible à la délicatesse de son toucher. Ne relevant pas de Música callada, «  Lafuente y la campana », réminiscence du milieu campanaire catalan que fréquentait Mompou dans sa jeunesse, est de son côté une vrai réussite.


Evidemment, on peut regretter que Guillaume Coppola n’ait pas préféré enregistrer l’intégralité de Música callada plutôt que des pièces disparates d’auteurs différents, les plages très rapprochées les distinguant à peine comme pour démontrer une identité de vue, une unité voire une filiation, largement inexistantes. C’est la vraie limite du disque.


La présence de Chopin et de son Prélude opus 28 n° 4 n’étonnera pas, Mompou en ayant été un admirateur fervent. Celle de Debussy avec son « Clair de lune » est pleinement justifiée, son esthétique étant souvent assez proche du maître catalan. Les pages si mystérieuses de Scriabine retenues ont toute leur place également. Celle de Granados et de sa Danse espagnole est moins évidente sauf à démontrer le goût et l’appétence de Guillaume Coppola pour le répertoire espagnol puisqu’il était à l’origine il y a peu d’un album consacré aux « Rêves d’Espagne ». Plus surprenante est celle de Satie, ralenti à l’excès et inutilement affecté (Première Gymnopédie), de Dutilleux – malheureusement le seul premier volet de ses Préludes qui en comportent trois –, de Takemitsu pour une si courte pièce (1’16) ou des « Feux d’artifice » de Debussy à la fin du disque (faut‑il nous réveiller ?). Fauré (Onzième ou Treizième Nocturnes), à l’inverse, si proche de Mompou est absent.


L’ensemble est assez cohérent, à part les « Feux d’artifice ». Trop ? N’est-ce pas lassant ? Pas vraiment et si l’on devait s’assoupir, ces « Feux » seraient là, presque à la fin du disque, pour nous réveiller.


Le site de Guillaume Coppola


Stéphane Guy

 

 

 

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