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08/23/2022
Johannes Brahms : Sonate pour piano n° 3, opus 5 – Fantaisies, opus 116
Adam Laloum (piano)
Enregistré à Paris (décembre 2020) – 62’36
Harmonia mundi HMM 902666
 Sélectionné par la rédaction
Johannes Brahms : Sonate pour piano n° 3, opus 5 – Variations et Fugue sur un thème de Haendel, opus 24
Jonathan Fournel (piano)
Enregistré à La Chaux‑de‑Fonds (février 2021) – 67’32
Alpha 851
Sélectionné par la rédaction
Johannes Brahms : Ballades, opus 10 – Sonate pour piano n° 3, opus 5
Johann Sebastian Bach : Partita pour violon n° 2, BWV 1004 : 5. Chaconne (arrangement Brahms)
Alexandre Kantorow (piano)
Enregistré à Guebwiller (6‑9 mars 2021) – 85’16
Bis BIS 2600
Must de ConcertoNet
A quatre mois d’intervalle, trois jeunes pianistes français enregistrent des albums intégralement consacrés à Brahms. Ce n’est pas si fréquent, mais cela l’est encore moins quand ils ont pour point commun d’avoir choisi de défier la colossale (40 minutes) et redoutable Troisième Sonate (1853) d’un Brahms de 20 ans, avec ses inhabituels cinq mouvements, son propos quasi symphonique (« symphonies déguisées », disait Schumann dans son analyse dithyrambique des trois Sonates), son héritage beethovénien mais aussi sa dimension programmatique (notamment dans l’Andante espressivo, portant en épigraphe trois vers de Sternau) : une œuvre suffisamment riche, dès lors, pour susciter des approches différentes mais tout aussi convaincantes.
Les affinités qu’Adam Laloum (né en 1987), premier prix au Concours Clara Haskil en 2009, entretient avec Brahms sont anciennes : pour Mirare, il a gravé dès 2010 des pièces pour piano, avant d’en venir à la musique de chambre (voir par exemple ici), avant d’en venir aux concertos chez Sony. Il s’investit pleinement – on l’entend régulièrement reprendre son souffle – mais sa Sonate reste volontiers monumentale et habillée d’une sonorité qui ne renonce jamais au moelleux. Laloum offre en complément les sept Capriccios et Intermezzos formant les ultimes Fantaisies opus 116 (1892), sans solution de continuité, tant la Sonate donnait déjà l’impression, sous ses doigts, d’un vaste Rückblick (regard en arrière), pour reprendre le titre du quatrième mouvement, celui que le vieux Brahms avait peut‑être en considérant cette partition écrite quarante ans plus tôt.
Pour son premier album, Jonathan Fournel (né en 1993) se tourne naturellement vers son compositeur de prédilection. Bénéficiant peut‑être de la meilleure prise de son, sa Sonate se caractérise par sa clarté, son éloquence, son souci de contrôle, d’équilibre et de raison, bref un certain classicisme pour ce brûlot romantique. Classicisme qui conduit, ici aussi, sans solution de continuité au complément, les Variations sur un thème de Haendel (1861), brillant kaléidoscope d’une grande finesse, où le plaisir digital de l’interprète devient celui de l’auditeur. L’enregistrement a été réalisé à peine quatre mois avant que le pianiste, notamment en jouant en demi‑finale ces Variations, n’obtienne le grand prix international Reine Elisabeth, où il a par ailleurs donné en finale le Second Concerto.
Comme Alexandre Kantorow (né en 1997) en finale du Concours Tchaïkovski, dont il remporta le premier prix en 2019. Sur un Steinway D, il est le seul des trois pianistes à faire vivre la flamme hyperromantique du jeune Brahms, prenant le propos à bras‑le‑corps : épopée, narration, folie, avec lui l’œuvre porte bien la signature hoffmannesque « Joh. Kreisler jun. » apposée par le compositeur sur sa partition, et il conclut sur la péroraison la plus jubilatoire, presque lisztienne. Ici encore, le complément est choisi avec pertinence, car ce Brahms est bien celui des Ballades opus 10, où Kantorow crée des sonorités d’une profondeur vertigineuse. Pour parachever un disque au minutage extrêmement généreux, il réalise dans la Chaconne de la Deuxième Partita pour violon seul de Bach, arrangée en 1877 pour la main gauche dans un recueil de cinq Etudes, la fusion entre métaphysique baroque et fougue romantique.
Le site de Jonathan Fournel
Simon Corley
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