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08/14/2022 Giovanni Antonio Terzi : Toccata Seconda dell’Autore – Caro dolce ben mio, a 5. di Andrea Gabrieli – Courante francese – Preludio de l’Autore – Saltarello – Gagliarda – Candide perle del Bicci nel medesimo Libro – Ballo Tedesco, & Francese – Il Saltarello del prescritto Ballo – Fantasia Terza dell’Autore – Gagliarda 12. Del S.Agostino Vertoa da Bergamo composta – Preambulo de l’Autore – Branle simple Francese – Corrente Quarto – Volta Seconda Francese – Canzone Settima del Mascara – Passamezzo per b quadro in tre modi – La sua Gagliarda – Veni in hortum meum A Cinque. Di Orlando Lasso – Padovana – Toccata de l’Auttore – Ballo secondo Alemano – Ballo Alemano Settimo – Volta quarta Francese – Ahi chi mi rompe il sonno a 5. Filip. de Monte – Di chella mosta : 2a parte – Passe mezo último – Gagliarda del Pass’e mezo Florent Marie (luth)
Enregistré en l’église d’Habloville (26‑29 septembre 2021) – 71’31
Carpe Diem Records CD‑16327 – Notice en français et en anglais
Présentons d’abord rapidement la pochette et son illustration. Elégante, de couleur blanche, l’avant laisse place à une mise en page sobre. Un encadré noir, en trait fin présente l’artiste, le compositeur, précise l’instrument (le luth), et la maison d’édition (Carpe Diem Records). Ce disque présente vingt‑huit pistes de pièces relativement courtes, comprises entre 34 secondes et 6 minutes 41 secondes, organisées en pièces de genre et suite de danses variées. Maison d’édition au nom prometteur, Carpe Diem Records, nous offre là, une invention graphique qui invite au jeu : de prime abord le tableau présenté est tout à fait contemporain et peut faire voir une futaie dans une brume bleutée. Mais en jouant avec la lumière, on devine un portrait Renaissance de femme avec sa fraise et sa coiffe.
Ouvrons maintenant la boîte. Le livret se trouve sur la droite, intégré à la boîte. Ce livret à l’avantage d’avoir été complétement écrit par l’interprète. Il est agréable à lire et très clair, Florent Marie y présente le compositeur, actif à Bergame à la fin du XVIe siècle son œuvre et la façon dont son travail nous est parvenu. Histoire insolite...
« Et la musique ? », me direz‑vous. Prenons le disque et écoutons‑le. Première piste. Toccata Seconda dell’Autore. On s’assoit confortablement, avec une boisson chaude ou fraîche, on se détend et on écoute. Douceur et rondeur du son nous plongent directement dans la musique dès le premier accord. C’est un plaisir de se laisser porter. Tant et si bien qu’on se surprend à se perdre dans les successions de pièces jusqu’à ce que les danses nous rappellent qu’elles sont là pour que nous touchions terre : c’est le moment de danser. Il réussit l’alliance de l’énergie sans agressivité et de la délicatesse sans mollesse. Le son est plein, riche, rond, précis. Aucune maladresse, aucun
mélange entre les différents appuis.
Le genre Toccata fait partie de ces pièces servant à faire sonner l’instrument auquel elle est destinée. Le mot en lui-même signifie « touchée ». Ces pièces se caractérisent donc par une grande virtuosité et des passages harmoniques parfois inattendus. Ceux qui n’en sont pas familiers peuvent parfois le trouver hermétique. Néanmoins, il est souvent utilisé pour faire sonner l’instrument, pousser un peu la technique du musicien et donner la couleur du ton que le compositeur explorera dans la suite.
Ce qui suit : chanson ornée avec une succession de danses. Chanson qui, en général, est un « tube » de l’époque qui est repris : on varie, on orne, on change la tonalité ou quelques intervalles ici ou là tout en restant au plus proche de la mélodie originale, mais surtout on varie l’accompagnement. Surtout pour des instruments polyphoniques comme le luth ou les claviers. Justement, la chanson ornée est un petit bijou de travail polyphonique. Elle commence simplement avec mélodie et harmonie posées. Puis elle se redécouvre : tantôt ornée par une foule de petites notes comblant les intervalles, tantôt mis en avant par un accompagnement soit en accords, soit en contrepoint.
Quant à l’interprétation : subtile et ciselée. La mélodie principale est comme un horizon clair et limpide. Tout ce qui l’entoure est un changement de lumière ou de décor : nous sommes amenés dans un magnifique jardin italien où tantôt une clairière un peu intime, tantôt un palais somptueux est rempli de monde, ou encore une marche solennelle, pour finir plus sobrement dans la simplicité de la mélodie pouvant nous faire imaginer un retour du soir après l’agitation.
Suivent les danses. Beaucoup de danses dans le style français. Attention, avec le luth, il faut avoir le pied sûr et léger. A part une pavane, le choix de l’interprète s’est porté sur des danses enlevées et toniques aux structures parfois un peu complexes à rendre audibles sans se laisser embarquer par le tempo parfois infernal qu’impose la pièce. Pari tenu, c’est réussi. Les danses sont compréhensibles, on sait que l’on change : les appuis se déplacent, le tempo se modifie avec grâce et simplicité. Ici le caractère de la danse est respecté.
Pour le reste, je vous laisse écouter cet enregistrement, et apprécier la pertinence, la rondeur du son, et l’âme que l’interprète insuffle à cette musique
Le site de Florent Marie
Apolline Croche
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