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04/16/2022
« Amanti – Cantatas for bass »
Benedetto Marcello : Udite, amanti, SF A 356 – Che io viva in tante pene, SF A 55 – Quanta pietà mi fate, SF A 278 – Lungi, speranze, SF A 182 – Poiché fato inumano, SF A 252

Sergio Foresti (baryton), Ensemble Due Venti
Enregistré à la Kulturhaus Kurtatsch de Cortaccia (21 septembre‑1er octobre 2020) – 72’38
Challenge Classics CC 72894 (distribué par Clic Musique) – Notice en anglais de Sergio Foresti et Marco Bizzarini





Comme le rappelle Patrick Barbier dans son ouvrage La Venise de Vivaldi (Grasset, octobre 2002, pp. 210 sq.), Benedetto Marcello (1686‑1739) fut un personnage assez iconoclaste dans la vie musicale vénitienne de l’époque puisque musicien en amateur, en dilettante presque, il appartenait à une des plus riches familles de Venise et n’avait donc guère besoin de composer pour gagner sa vie. Auteur de nombreuses œuvres musicales (mais également littéraires), il est notamment l’auteur du célèbre pamphlet Le Théâtre à la mode (1720), où il règle ses comptes d’une plume assassine avec les mœurs musicales de son époque.


Auteur notamment de plusieurs cantates pour voix seule et accompagnement instrumental réduit, en voici cinq réunies dans ce disque où l’on peut entendre le baryton Sergio Foresti, accompagné de l’Ensemble Due Venti (Agnieszka Oszanca au violoncelle, Simone Vallerotonda à l’archiluth dans la seule cantate Quanta pietà mi fate et Alessandro Trapasso au clavecin). On sait qu’à l’époque baroque, la cantate était un genre assez recherché pour son côté intimiste (elle avait vocation à être plutôt interprétée dans un lieu privé comme un palais ou un salon), le texte exaltant qui les sentiments, qui les louanges adressées, sous couvert de quelque dieu ou nymphe, aux commanditaires desdites pièces.


Ces cinq cantates sont toutes construites sur le même modèle (récitatif/air/récitatif/air) et traitent toutes du thème de l’amour. Au-delà de la relative uniformité qui en résulte inévitablement, force est de constater que Sergio Foresti ne s’avère pas être un interprète très convaincant dans ce répertoire. Dès qu’il dépasse le medium, la voix peine (le passage « Già che morta è la speranza » dans la cantate Che io viva in tante pene), suffoque presque, qui plus est sans la chaleur et la douceur que l’on est en droit d’attendre pour peindre les souffrances ou les attentes de l’être amoureux. La reprise de « Privo allor delle ruggiade » à partir de 5’10 dans la cantate Quanta pietà mi fate s’avère presque besogneuse, Foresti ayant beaucoup de mal à nous convaincre dans le discours qu’il porte. Dommage car c’est peut-être dans cette cantate que l’accompagnement instrumental est le plus agréable à entendre, peut‑être grâce à l’archiluth tout en finesse de Simone Vallerotonda. Si la prestation de Sergio Foresti s’améliore dès qu’il retrouve son registre de prédilection (encore que la voix souffre parfois d’un vibrato assez prononcé...), on n’en dira pas autant de l’accompagnement, qui est d’une platitude désolante, sans souffle, sans vie : quel ennui (même dans les pages plus animées comme dans l’andante « Nel mio cor » de la cantate Lungi, speranze) ! En outre, mais est‑ce là la faute aux musiciens, le positionnement des micros est assez étrange, la voix semblant à plusieurs reprises beaucoup plus lointaine que le violoncelle et le clavecin, dont la proximité nous détourne de fait parfois de l’essentiel.


Bref, sinon un disque pour rien, en tout cas un disque qui n’apporte malheureusement pas grand‑chose...


Le site de Sergio Foresti
Le site de l’ensemble Due Venti


Sébastien Gauthier

 

 

 

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