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04/11/2022
« Iguazú »
Ariel Ramírez : Antiguos duenos de la flechas
Anonymes du XVIIe siècle : La Salve para Virgen – Yyai Jesuchristo – Dulce Jesús mío
Chant traditionnel : Calix Bento
Egberto Gismondi : Karatê
Heitor Villa‑Lobos : Bachianas Brasileiras n° 5, W389 : 1. Aria
Jorge Fandermole : Oración del Remanso
Eduardo Falú : Canción del Jangadero
Antônio Carlos « Tom » Jobim : Aguas de Março
Leopoldo « Polo » Martí : Suenos de agua
Pedro Laurenz : Milonga de mis amores

Bárbara Kusa, Luanda Siqueira (sopranos), Bïa Krieger (chant), Luis Rigou (flûtes andines, chant), Raúl Barboza (accordéon), La Chimera, Eduardo Egüez (guitare, théorbe, vihuela, direction)
Enregistré château de Flawine, Belgique (26‑29 février 2020)  – 58’47
La Música LMU028 (distribué par [integral]) – Notice en français et en anglais





Sous le titre d’Iguazú, du nom guarani de chutes d’eau situées au cœur de la forêt tropicale, l’ensemble La Chimera, fondé en 2001 et dirigé par le luthiste Eduardo Egüez, nous propose un voyage au carrefour situé entre l’Argentine, le Brésil et le Paraguay au travers de musiques d’Amérique latine du dix‑septième siècle, de chants traditionnels, de chansons populaires et de pages plus classiques. Il passe volontairement du sacré au profane, du populaire au savant et de la tradition orale à la musique écrite par les Jésuites. On trouve même du tango avec Karatê d’Egberto Gismondi (né en 1947), pièce pourtant assez éloignée du monde amazonien. Au mélange des styles, s’ajoute celui des langues : la première chanson mêle castillan et langue Quom, les pièces anonymes du dix‑septième siècle font partager espagnol et chiquitano, la chanson Calix Bento, reprise en 1977 par Georges Moustaki, nous permet d’entendre, comme d’autres plages, du brésilien. Enfin, il y a le mélange instrumental : avec des instruments classiques comme la guitare, le théorbe et le violon, on entend des instruments plus rares comme le siku (flûte de pan andine), la vihuela (petite guitare d’origine aragonaise), le cavaquinho (sorte de ukulélé) et le roncoco (guitare des Andes).


Les morceaux sont souvent arrangés par Eduardo Egüez, parfois déjà à partir d’adaptations comme pour Calix Bento qui provient d’une tradition musicale des Folias de Reis d’origine portugaise. La cinquième et célèbre Bachiana Brasileira (1938) n’est de son côté pas proposée pour soprano et huit violoncelles comme écrite initialement par Heitor Villa‑Lobos (1887‑1959) puisqu’on y trouve, outre un pauvre violoncelle esseulé, des flûtes andines et de la guitare. Même les pièces du dix‑septième siècle, chantées par la soprano Luanda Siqueira, sont arrangées. Tout ceci n’est donc pas très pur, pas très clair. Le résultat paraît assez inclassable, aux frontières de ce que ConcertoNet commente d’habitude, mais ne manque pas d’attraits et s’écoute avec un réel plaisir si l’on excepte l’Aria de Villa‑Lobos. Alors qu’elle a été mille fois enregistrée, la présente interprétation ne mérite pas trop qu’on s’y attarde : la soprano, argentine, Bárbara Kusa, y est excessivement théâtrale et a du mal à suivre l’énorme ambitus requis, les aigus en pâtissant sérieusement, le contre‑la final étant clairement hors de portée. Elle est bien plus convaincante dans les Anciens maîtres des flèches d’Ariel Ramírez (1921‑2010), qui rend hommage à une ethnie indienne d’Argentine, les Tobas, la pièce, aux inflexions pentatoniques, étant agrémentée de chants d’oiseaux, de guimbarde et de percussions. La Prière du marigot de Jorge Fandermole (né en 1956) et la Chanson du pilote de radeau d’Eduardo Falú (1923‑2013) bénéficient de leur côté de la belle voix de Luis Rigou, d’une douceur touchante, au vibrato faisant penser à Carlos Gardel. Les Eaux de mars de Tom Jobim (1927‑1994), un vrai tube brésilien, nous ramènent à Georges Moustaki qui reprit la chanson en 1973. Rêves d’eaux de Leopoldo Martí (né en 1961) poursuit enfin la veine aquatique, fil conducteur du disque, autour de superbes cordes pincées, sans abus de flûtes andines, poncif des évocations amazoniennes.


Ainsi s’achève ce disque bien varié qui, s’il n’est pas indispensable, est assurément confectionné avec cœur par des artistes très polyvalents.


Le site de l’ensemble La Chimera


Stéphane Guy

 

 

 

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