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03/29/2022
Laurent Cuniot :Une [1] – Efji [2] – Reverse Flows [3]
Florent Jodelet (percussion), Geneviève Strosser (alto), TM+, Laurent Cuniot [1], Marc Desmons (direction)
Enregistré à la Maison de la musique, Nanterre (13 juin 2015 [3], 21‑23 décembre 2020 [2] et 6 et 11 janvier 2021 [1]) – 78’26
Merci Pour Les Sons 20001 – Notice en français et en anglais


Sélectionné par la rédaction





Nos fidèles lecteurs connaissent sans nul doute Laurent Cuniot (né en 1957) comme chef d’orchestre, très engagé dans la musique contemporaine et fondateur de l’ensemble TM+ en 1977 (trio progressivement étoffé, notamment en 1985). Ses activités de pédagogue et, ce qui nous importe ici, de compositeur sont moins connues. Le présent disque illustre à nouveau ses talents de chef mais nous présente surtout un panorama de sa création récente.


Dans Une, créé en 2020 pour vibraphone, percussion et petit ensemble de onze instruments, le compositeur aurait eu en tête, d’après la notice du disque, le « Sonetto CXXIII del Petrarca » de Franz Liszt, la poésie de Rainer Maria Rilke et la musique de Richard Strauss. Evidemment, à l’écoute de ses cinq pièces, rien ne transparaît mais cela n’a guère d’importance, le compositeur n’ayant pas l’intention de faire de la citation ou du commentaire au premier degré. Ce qui frappe plutôt, dans cette œuvre inspirée par la figure universelle de la femme et qui parle immédiatement sans qu’il soit nécessaire de l’écouter dix fois, c’est sa suavité, sa fluidité et sa transparence. C’est à la fois flou et clair telle une toile impressionniste constituée de multiples touches de couleur. L’évanescence des cinq pièces, où le vibraphone joué par Florent Jodelet (par ailleurs fondateur du label discographique Merci Pour Les Sons qui édite notre CD) intervient comme les autres instruments sollicités et participe au même titre au kaléidoscope sonore, est à peine troublée par un « Jardin des tumultes » où le cœur s’enthousiasme et bat la chamade avant qu’une certaine tristesse ne s’insinue.


Une même suavité se retrouve dans Efji (acronyme des initiales de l’interprète dédicataire), écrite en 2005 pour percussions multiples mais jouant beaucoup plus avec le silence.


Reverse Flows (2015) – titre encore une fois en anglais comme dans bon nombre de créations contemporaines françaises, ce qui finit par agacer – est écrit pour alto, treize instruments et électronique. L’usage de l’électronique n’étonne pas chez un compositeur ayant fréquenté Pierre Schaeffer, Guy Reibel et François Bayle, nos grandes figures fondatrices de la musique électroacoustique. Mais elle n’écrase rien, notamment pas les frémissements de l’alto tenu par Geneviève Strosser. Dans cette musique, bien française finalement, qui flirte avec le spectral, l’équilibre est aussi important que le soin porté aux alliages de couleurs musicales. Ses flux sonores, qui font penser aux légers clapotis de la mer, sont animés par de multiples reflets aussi constants que délicats.


La poésie musicale, la clarté et le goût du beau son, valorisés par une captation assez sèche, caractérisent bien l’univers intimiste de Laurent Cuniot. Les amateurs de délicatesse y trouveront leur bonheur.


Stéphane Guy

 

 

 

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