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03/20/2022
Camille Saint-Saëns : Symphonies en la majeur, n° 1 en mi bémol majeur, opus 2, en fa majeur « Urbs Roma », n° 2 en la mineur, opus 55, et n° 3 en ut mineur avec orgue, opus 78
Olivier Latry (orgue), Orchestre national de France, Cristian Măcelaru (direction)
Enregistré à l’Auditorium de la Maison de la Radio, Paris (4‑6 septembre et 26‑27 octobre 2020, 2‑3 juin, 6‑8 et 22‑24 juillet 2021) – 164’33
Coffret de trois disques Warner Classics 0190296533433 – Notice en anglais, français et allemand
Le centenaire de la mort de Camille Saint-Saëns (1835-1921) a été l’occasion pour deux maisons de disques de publier presque concomitamment deux intégrales des symphonies du compositeur. Il s’agit du côté de Bis de la version de Jean-Jacques Kantorow à la tête de l’Orchestre philharmonique royal de Liège (voir ici) et, chez Erato, de l’Orchestre national de France sous la direction de son directeur musical depuis septembre 2020, le Roumain Cristian Măcelaru.
Cette dernière intégrale en trois disques sous coffret est à vrai dire hautement recommandable aux mélomanes curieux d’en savoir plus sur l’extraordinaire carrière du grand compositeur français. Certes les œuvres sont inégales et ce n’est pas pour rien que la Troisième Symphonie (cinquième dans l’ordre chronologique) a éclipsé les productions antérieures. Les précédentes, dont deux n’ont pas été numérotées par leur auteur, c’est dire, restent marquées à l’évidence par Berlioz ou Mendelssohn, et n’ont pas vraiment de style propre. Elles sont sans vraie personnalité, souvent bancales, même si le métier est indéniable surtout si l’on songe à l’âge de leur compositeur ; il ne manque pas une croche. La comparaison cependant avec les œuvres symphoniques de Georges Bizet, le contemporain de Camille Saint‑Saëns puisque né seulement trois ans après lui, ne lui est par exemple guère favorable. La Symphonie en ut, œuvre aussi de jeunesse puisque composée à 17 ans, ou la suite de concert Roma, élaborée dès 22 ans, par Bizet sont autrement plus brillantes. Il faudra attendre la Troisième Symphonie, écrite quant à elle à 51 ans, pour disposer d’une symphonie de Saint‑Saëns d’une unité et d’un élan comparables.
En tout état de cause, l’interprétation est ici exemplaire. Ses caractéristiques principales sont sa clarté, son équilibre et sa transparence, peut‑être toutefois au détriment de l’énergie. L’homogénéité et la remarquable qualité des sections instrumentales en constituent aussi un de ses atouts. La captation, superlative, valorise indéniablement l’ensemble, réalisé avec un soin extrême. Parmi les pupitres, on ne peut que repérer les cuivres, par exemple au début de la Symphonie « Urbs Roma » ou, à la fin, lors d’une marche funèbre vraiment saisissante. Ils sont d’une splendeur et d’une homogénéité qui méritent vraiment d’être saluées. Les cordes ne sont pas en reste. Elles sauvent, au travers de son allegro final, une Symphonie en la majeur passablement scolaire voire insipide. Quand à la Troisième Symphonie, la plus connue, les interprètes en livrent une version mesurée à la fois délicate (Poco adagio) et ample (Maestoso final), qui suscite l’intérêt de bout en bout. La puissance et la beauté de l’orgue n’emportent pas tout et tous les plans sonores sont respectés. Une bien belle réalisation.
Stéphane Guy
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