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02/25/2022
Le Lied. Histoire d’un voyage
André Tubeuf (présentation), Martin Mirabel (réalisation)
Réalisé en 2018 – 301’
Album de deux DVD BelAir Classiques BAC187 (distribué par Outhere) – Image 16:9 – Son PCM 2.0 – Region Code: 0 – Livret en français, sous‑titres en anglais


Must de ConcertoNet





Sur deux DVD et en sept épisodes de 43 minutes, André Tubeuf embarque ses auditeurs pour un passionnant voyage dans l’histoire du lied germanique grâce à une admirable réalisation de Martin Mirabel.


André Tubeuf avait publié en 1993 chez Julliard en une luxueuse édition brochée Le Lied allemand : Poètes et paysages (réédité par Actes Sud en 2011), une passionnante et exhaustive étude qui passait en revue l’histoire de ce genre depuis les origines jusqu’à ses formes les plus tardives au XXe siècle. Cet ouvrage, qui reste une référence en langue française, va beaucoup plus au fond et dans le détail de la forme musicale et des poètes qui l’ont nourrie que les sept séances filmées que publie aujourd’hui BelAir Media, qui s’en distinguent grâce à l’image et à la voix par leur portée pédagogique et initiatrice.


Pour ces séances filmées à son domicile parisien en 2018, trois ans avant sa disparition à 90 ans, dans un environnement apaisant entouré de son impressionnante discothèque et de portraits d’artistes, trois cent et une minutes filmées et réalisées par Martin Mirabel dont on a pu apprécier chez le même éditeur des portraits de Martha Argerich, Daniel Barenboim, Lucas Debargue et Camille Thomas, André Tubeuf a choisi de ne parler que des huit compositeurs germaniques qui ont porté le lied à son apogée : Mozart, Beethoven, Schubert, Schumann, Wolf, Mahler et Richard Strauss. Entre eux il tresse un fil rouge d’abord quasi invisible mais qui s’affirme au fur à mesure que l’on approche avec les deux derniers compositeurs du « crépuscule du lied ». Chacun est éclairé par des détails biographiques essentiels, pas de musicologie assommante de dates et de précisions mais la simple et essentielle exposition de leur rapport à la musique, à la poésie et la claire explication pour chacun de la singularité de leur production de lieder, dans leur biographie mais aussi par rapport aux autres genres musicaux pratiqués dans leur œuvre. Schubert s’y taille la part du lion avec deux épisodes : bien sûr Le Voyage d’hiver, à lui seul un univers à part dans son catalogue de lieder, mais aussi sur « L’Eau de l’âme », chapitre entier dédié aux rapports, et pas seulement dans son chant, entre musique et l’eau en tant qu’élément et symbole de vie et de mort.


Dans chaque épisode, le propos totalement improvisé à l’enregistrement d’André Tubeuf est interrompu par des exemples musicaux, des lieder en situation avec le propos, par les meilleurs interprètes possibles choisis dans sa discothèque (Hans Hotter, Dietrich Fischer-Dieskau, Elisabeth Schwarzkopf bien sûr mais aussi Elisabeth Schumann, Fritz Wunderlich, Elisabeth Grümmer, Kathleen Ferrier, Irmgard Seefried, Elisabeth Grümmer, Christa Ludwig, Lisa Della Casa, Janet Baker...). Et chaque lied est illustré par des peintures de l’époque romantique principalement en rapport avec sa thématique. Magnifique montage et voyage parallèle dans l’univers du lied dû comme tous les éléments du projet à Martin Mirabel.


Reste l’immense regret que ce qui peut être considéré comme le testament de toute une vie consacrée à l’enseignement de la philosophie, du partage de la connaissance d’une immense culture musicale et littéraire n’ait pu être contemplé sous sa forme définitive dans sa très belle présentation par son narrateur, qui nous a quittés quelques mois avant sa parution. L’ensemble des épisodes est visible sur la chaîne Internet medici.tv.


Au même moment paraît chez Actes Sud, L’Ami Franz, dernier essai musical d’André Tubeuf et sur le musicien qui lui tenait le plus à cœur, Franz Schubert. C’est dans cette teinte fraternellement en phase avec ce compositeur à la personnalité mélancolique et à la biographie si douloureuse qu’André Tubeuf raconte avec empathie le courte période créatrice de Schubert, dont les derniers mois virent l’explosion de tant de chefs‑d’œuvre dont il décrit si bien les vertus consolatrices.


Olivier Brunel

 

 

 

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