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01/20/2022
« Enchantresses »
Georg Friedrich Händel : Lotario, HWV 26 : « Scherza in mar la navicella » – Rinaldo, HWV 7a : « Il vostro maggio » et « Lascia ch’io pianga » – Giulio Cesare in Egitto, HWV 17 : « Da tempeste il legno infranto » & « E pur così in un giorno... Piangerò la sorte mia » – Lucrezia, HWV 45 : « Alla salma infedel porga la pena » – Alcina, HWV 34 : « Ah, mio cor » & « Tornami a vagheggiar » – Amadigi di Gaula, HWV 11 : Ouverture & « Desterò dall’empia dite » – Concerto grosso en la mineur, opus 6 n° 4, HWV 322 : Larghetto &, Allegro – Concerto grosso en sol mineur, opus 6 n° 6, HWV 324 : Largho e affetuoso

Sandrine Piau (soprano), Les Paladins, Jérôme Corréas (direction)
Enregistré au Théâtre de Poissy (octobre 2020) – 72’08
Alpha 765 (distribué par Outhere Music) – Notice (en français, anglais et allemand) de Sandrine Piau, Jérôme Corréas et Barbara Nestola et traduction des textes chantés


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Voici un disque – passons très rapidement sur l’orthographe intrigante du titre « Enchantresses », nouvelle concession angliciste  – qui, si vous l’achetez, va rapidement devenir viral ! Venue du baroque français avec William Christie, c’est principalement avec Christophe Rousset que Sandrine Piau a abordé l’œuvre de Georg Friedrich Händel avec Riccardo Primo (1996) puis, notamment, Rodrigo (1997) sous la direction d’Alan Curtis et Serse (2004) sous celle de William Christie. Depuis, Händel fait incontestablement partie de ses compositeurs fétiches. Ayant déjà enregistré deux récitals consacrés au Caro Sassone, un premier dirigé par Christophe Rousset concentré sur les opéras serias (Naïve, 2004) et un deuxième davantage axé sur les oratorios, Between Heaven and Earth (Naïve, 2008) sous la baguette de Stefano Montanari, voici Sandrine Piau de retour pour un troisième disque dédié cette fois-ci à plusieurs héroïnes händeliennes qui, au fil de divers extraits d’opéras, brosse ainsi un « portrait de femmes puissantes, souvent meurtries » pour reprendre les termes utilisés par la chanteuse dans la notice d’accompagnement.


N’ayons pas peur des mots : de Lucrèce à Cléopâtre en passant par Alcina, Sandrine Piau nous éblouit littéralement d’air en air. Aussi étonnant peut-être que cela puisse paraître, un des sommets du disque est sans doute ce premier air d’Adelaïde, « Scherza in mar la navicella », tiré du rare Lotario, dans lequel la soprano fait montre d’un tempérament de feu, servie par un ambitus impressionnant (de l’aigu dans le mot « procella » à la première strophe au bas medium dans le mot « trionfar » à la seconde), accompagnée au surplus (on y reviendra) par un formidable orchestre. Usant d’un léger rythme de sicilienne dans le chant charmeur des Sirènes avec cet extrait issu du début de l’acte II de Rinaldo, Sandrine Piau démontre ensuite par son chant toute la fragilité de la pourtant fière et redoutable Cléopâtre, distillant la jubilation de la reine d’Egypte avant de peindre l’émotion pure, à fleur de peau, du célébrissime « Piangerò la sorte mia », un des sommets de Giulio Cesare in Egitto. Passant de la virtuosité dans l’air de Mélisse (Amadigi di Gaula), où la voix le dispute à une trompette soliste, aux airs poignants tirés d’Alcina, Sandrine Piau se glisse avec une facilité déconcertante dans la peau de chaque héroïne, sachant caractériser chaque personnalité comme il convient et usant à chaque fois d’une technique vocale infaillible. Aigus d’une pureté à se damner, diction parfaite, capacité à faire ressortir la moindre émotion sans céder ni à la facilité, ni à une certaine complaisance dont font hélas preuve certaines de ses consœurs, à n’en pas douter, Sandrine Piau porte très haut la musique du magicien Händel.


Mais ce récital serait bien évidemment bancal s’il n’offrait également une démonstration orchestrale. A la tête de ses Paladins, Jérôme Corréas (que l’on entend également comme claveciniste dans l’air tiré de Lucrezia) magnifie également, aux côtés de la chanteuse, la musique de Händel. Hautbois superlatifs dans le premier air issu de Lotario, flûtes idéales dans le poignant « Piangerò la sorte mi », vents d’une finesse parfaite dans l’ouverture d’Amadigi di Gaula, cordes attentives à chacune de leurs interventions, l’orchestre est un partenaire de choix pour Sandrine Piau avec l’entente est patente d’extrait en extrait.


Avouons une petite réserve néanmoins... Avec des artistes de la trempe d’une Sandrine Piau et d’un Jérôme Corréas, dont la notoriété permet d’enregistrer à peu près tout, pourquoi avoir choisi de graver ici les pourtant si souvent enregistrés « Lascia ch’io pianga », « Piangerò la sorte mia » et autre « Ah, mio cor » (quand bien même, notamment dans ce dernier air tiré d’Alcina Sandrine Piau y serait bouleversante...) ? Pourquoi, à l’instar de l’air tiré de Lotario, ne pas avoir choisi quelques raretés comme un air issu d’Almira, de Teseo (Agilea s’y voit dotée de plusieurs beaux passages…) ou de Flavio (Emilia bénéficie là aussi d’interventions aussi peu connues qu’intéressantes) ? Souhaitons donc que ce disque, encore une fois une merveille, soit le prélude d’un nouvel enregistrement sur lequel on se précipitera sans aucun doute...


Le site de Sandrine Piau
Le site de l’ensemble Les Paladins


Sébastien Gauthier

 

 

 

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