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01/15/2022
Georges Enesco : Suite pour piano n° 2, opus 10
Modeste Moussorgski : Tableaux d’une exposition
Alexandre Borodine : Petite Suite : 7. « Nocturne »
Alexander Krichel (piano)
60’48
Berlin Classics 0302072BC
 Must de ConcertoNet
On avait depuis quelques saisons un œil sur ce jeune pianiste allemand (né en 1989) avec qui Sony avait signé un contrat qui nous a valu cinq enregistrements. L’album « An die ferne Geliebte » particulièrement, dans lequel Alexander Krichel interprétait des transcriptions de lieder et pièces de Beethoven, Schumann, Kreisler et Wagner avec une musicalité confondante. C’est Berlin Classics qui édite son dernier album, au programme profondément original, qui juxtapose un grand standard du répertoire pianistique, Tableaux d’une exposition de Moussorgski, et une œuvre rarement enregistrée, la Deuxième Suite d’Enesco.
Dernier élève de Vladimir Kraïnev à Hanovre, ce pianiste allemand s’est perfectionné à Londres auprès de Dmitri Alexeev. Son parcours est celui d’un surdoué car précédemment à ce brillant cursus pianistique il a été lauréat de concours de mathématiques, de biologie et de langues étrangères.
Composée en 1903 la Deuxième Suite d’Enesco a remporté à Paris un prix décerné par un jury qui comprenait Debussy, d’Indy et Hahn. Très composite dans ses influences et légèrement teintée de folklore roumain, la pièce, en quatre mouvements, commence avec un chic parisien, une « Toccata » à la Poulenc mais, contrastant avec ce néoclassicisme, « Sarabande » et « Pavane » nous mènent du côté de Scriabine et la danse finale, une « Bourrée », s’achève par une démonstration virtuose très flamboyante évoquant Rachmaninov.
Avec Tableaux d’une exposition de Moussorgski, dans lesquels il se hisse au niveau de toutes les interprétations légendaires (Richter, Pletnev, Nikolaïeva, Kissin...), on entre dans un cosmos dont il maîtrise avec une virtuosité confondante, un engagement total et souvent un grain de folie (« Gnomus », « Samuel Goldenberg » et « Schmuyle »), toutes les composantes : mélancolique (« Il vecchio castello »), sombre (« Bydlo », « Catacombes »), comique (« Ballet des poussins dans leurs coques », « Limoges »), démoniaque (« Cum mortuis in lingua mortua », « La Cabane sur des pattes de poule »), et qui s’achève par une étourdissante « Grande Porte de Kiev » à la sonorité parfaitement maîtrisée. Les changements d’humeur caractérisés par les « Promenades » sont toujours d’une justesse de ton parfaite.
Le paisible « Nocturne » de la Petite Suite de Borodine conclut sur une note apaisante ce superbe récital à la prise de son remarquable.
Le site d’Alexander Krichel
Olivier Brunel
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