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12/27/2021
Ermanno Wolf-Ferrari : Le donne curiose : Ouverture [1] – I quatro rusteghi : Prélude & Intermezzo [2] – Il segreto di Susanna : Ouverture [3] – I gioielli della Madonna : Festa popolare, Intermezzo, Serenata & Danza napolitana [4] – L’amore medico : Ouverture & Intermezzo [5] – La dama boba : Ouverture [6] – Il campiello : Prélude, Intermezzo & Ritornello [7]
Oviedo Filarmonía, Friedrich Haider (direction)
Enregistré à l’Auditorium Principe Felipe d’Oviedo, Espagne (12-14 mai 2006 [3], 28-31 octobre 2009 [5, 6], 30-31 août [1, 4] et 1er-3 septembre [2, 7] 2010) – 62’31
Naxos 8.573582 – Notice en anglais et en allemand


Sélectionné par la rédaction





Le chef autrichien Friedrich Haider (né en 1961), pris de passion pour le compositeur italo-allemand Ermanno Wolf-Ferrari (1876-1948), avait entamé il y a quelques années une série d’enregistrements de ses plus belles pages orchestrales avec l’Orchestre symphonique de la ville d’Oviedo (OSCO), devenu Oviedo Filarmonía (OFIL) en 2007, à l’époque où il en assumait la direction musicale, soit entre 2004 et 2011. Il la prolongea avec l’Orchestre symphonique de la Radio slovaque en 2016 (Les Bijoux de la Madone, voir ici) mais sans suite malheureusement.


Des onze disques de l’Oviedo Filarmonía publiés jusqu’à présent, six ont ainsi été consacrés à Ermanno Wolf-Ferrari, compositeur pourtant éloigné de l’univers des musiciens d’Oviedo. Et ce grâce à Friedrich Haider. C’est dire la marque imposée par ce chef, dont les prestations, souvent très agitées au concert, ont pu déconcerter public et musiciens mais qui a eu le mérite de consolider le professionnalisme de l’orchestre, d’élargir son répertoire et d’harmoniser ses pupitres, notamment ceux des cordes, son noyau central d’origine russe n’étant pas toujours raccord avec le reste. Le travail a payé et ConcertoNet a eu l’occasion de distinguer il y a peu un beau Secret de Suzanne, qui n’avait été publié que récemment (voir ici).


Certes le présent disque reprend des éléments enregistrés il y a assez longtemps et déjà publiés en partie par le label Philartis Vienna mais Naxos leur offre une nouvelle vie et une visibilité accrue. Il complète fort opportunément la discographie d’Ermanno Wolf-Ferrari, « petit maître » comme on a pu le qualifier dans ces colonnes, qui connut une période de gloire avant la Première Guerre mondiale mais qu’on ne joue plus guère, à tort. Il rappelle en effet aux travers d’extraits d’opéras divers les éminentes qualités d’orchestrateur et de mélodiste du compositeur vénitien.


Le disque est consacré à des préludes et intermèdes orchestraux de sept des opéras d’Ermanno Wolf-Ferrari (Les Femmes curieuses, Les Quatre Rustres, Le Secret de Suzanne, Les Bijoux de la Madone, L’Amour médecin, La Dame idiote – traduction fréquente mais médiocre pour La dama boba de Félix Lope de Vega – et La Petite Place inspirée de la vie vénitienne). Le compositeur y récuse autant le wagnérisme que le vérisme pur et s’inscrit dans une veine légère, souvent qualifiée de « comique », ce qui n’est probablement pas rendre service à son œuvre.


Le tout est parfaitement convaincant même s’il est frustrant évidemment de n’avoir affaire qu’à des extraits. On aime cette fantaisie, cette exubérance exempte de toute vulgarité, ce sens mélodique, héritiers de Rossini. L’orchestre, rompu à la zarzuela, s’en sort fort bien, sa section des bois ne peinant pas à se faire remarquer par son brio. Il rend pleinement justice à ces pages emplies d’esprit et bourrées de charme. Le résultat en termes d’élégance et d’équilibre mérite d’être salué. On distinguera peut-être les extraits des Bijoux de la Madone (1911), l’œuvre la moins éloignée du vérisme. Ils annoncent par moments Prokofiev et le solo de la flûte d’Ingri Elise Engeland dans la « Sérénade » du troisième acte, virevoltante à souhait, mérite vraiment le détour tandis que sa « Danse napolitaine », au rythme de tarentelle, est assez irrésistible. De petits... bijoux. Et on a envie d’en connaître plus après l’écoute du Prélude de La Petite Place, quasiment mahlérien, l’« Intermède » et la « Ritournelle », légèrement nostalgiques, n’étanchant pas vraiment notre soif.


Friedrich Haider, aujourd’hui à la tête du Musicæ Antiquæ Collegium Varsoviense, a eu parfaitement raison d’exhumer ces pages. Les mélomanes curieux auraient raison quant à eux d’acquérir ce disque.


Stéphane Guy

 

 

 

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