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12/15/2021
Hélène de Montgeroult :Trois Sonates pour le forte-piano, œuvre première – Trois Sonates pour le forte piano, œuvre deuxième – Trois Sonates pour le piano forte, œuvre cinquième
Nicolas Horvath (piano)
Enregistré au studio La Fabrique des Rêves, Misy-sur-Yonne (11-18 janvier et 22-28 février 2021) – 156’41
Album de deux disques Grand Piano GP885-86 (distribué par Outhere) – Notice en français et en anglais


Sélectionné par la rédaction





La vague de fond consistant à réhabiliter et à mieux faire connaître les artistes femmes a évidemment un impact fort dans le domaine musical. Ainsi les dictionnaires, guides et histoires de la musique récents (Histoire de la musique occidentale d’Elisabeth Brisson et Jérôme Thiébaud, La música clásica : 101 preguntas fondamentales d’Annette Kreutziger-Herr et Winfried Bönig ou Les 100 chefs-d’œuvre du classique pour les nuls de Benjamin François par exemple) mentionnent désormais beaucoup plus qu’auparavant les compositrices quand des parties spécifiques ne leur sont pas consacrées. C’est heureux même si on se demande parfois si les auteurs en connaissent bien les partitions ou si certaines réhabilitations s’imposent vraiment. Quoi qu’il en soit, le mouvement concerne pour l’instant plus le commentaire que l’enregistrement et surtout le concert, où les œuvres composées par des femmes sont encore bien rares, trop rares.


Au disque, on découvre cependant avec le dernier disque du pianiste monégasque Nicolas Horvath (né en 1977), les neuf sonates d’Hélène de Montgeroult (1764-1836). Pour cette compositrice, élève de Clementi et à la charnière du classicisme et du romantisme, ayant évité de peu la guillotine devant le Tribunal révolutionnaire, le mouvement a, là encore, commencé par du texte, une biographie. Elle a été accompagnée puis suivie par des enregistrements de ses Etudes (chez Hortus notamment), partie de son œuvre la plus connue car venant à l’appui de son Cours complet pour l’enseignement du forte piano, conduisant progressivement des premiers éléments aux plus grandes difficultés qui a assuré sa renommée. Il manquait la révélation des sonates pour piano, la production d’Hélène de Montgeroult étant essentiellement consacrée à cet instrument. Nicolas Horvath comble fort bien cette lacune.


Hélène de Montgeroult n’est ni Haydn ni Beethoven mais son œuvre est loin d’être sans intérêt. Il y a un ton qui anticipe par moment sur Mendelssohn voire Chopin. On n’est pas du tout confronté à une production au kilomètre de portées pour complaire à quelque aristocrate comme le dix-huitième siècle nous en a légué tant et que trop d’éditeurs s’évertuent à faire connaître au risque de nous inonder et de nous assommer.


Les premières sonates (1795) comprennent deux mouvements, les dernières trois, à l’exception de la première de l’Opus 5 (1811) qui en compte quatre. Elles ont un côté pédagogique assez net, la virtuosité y ayant une part importante. C’est une pluie de notes voire un déluge ; les mouvements sont rapides, surtout les finales, et on aimerait de temps en temps un peu d’air frais. Sur le vingt-quatre mouvements des sonates, on ne dénombre que trois adagios et aucun lento à part l’Aria de la Deuxième Sonate de l’Opus 5 ; c’est une course folle quasiment permanente. C’est qu’Hélène de Montgeroult aime le brio autant que le legato chantant qui n’admet pas la lenteur. Sa musique est essentiellement enjouée et les nuages sont rares. L’on croit parfois entendre une sorte de Vigée-Lebrun musicale pour faire référence à celle qui fut son amie, surtout dans les premières œuvres. Rien ne vient faire penser à la vie sentimentale étonnante de la compositrice ou à sa traversée difficile de la période révolutionnaire. Mais ces sonates sortent quand même du carcan classique. L’Allegro agitato de la Troisième Sonate de l’Opus 1 n’est pas loin du bastringue et sa modernité mérite le détour par exemple. On admire aussi la distinction et le naturel de l’Allegro con brio de la Deuxième Sonate de l’Opus 2. L’Adagio de la Première Sonate de l’Opus 5 est envahie de pressentiments et d’une étrangeté vraiment prenants. La dernière sonate ne manque pas d’énergie communicative.


Le mérite de Nicolas Horvath, pianiste décidément curieux, après nous avoir fait découvrir des pièces d’une autre compositrice, Anne-Louise Brillon de Jouy (1744-1824), chez le même éditeur, est de nous révéler l’ensemble des sonates d’Hélène de Montgeroult avec probité et tact. On aurait aimé cependant plus de fantaisie, un jeu moins lisse, ces sonates y appelant assurément. Peut-être que ces sonates auraient d’ailleurs gagné à être interprétées sur un pianoforte d’époque plutôt que sur un Steinway, même arrangé pour en tirer les sonorités du côté de son ancêtre, pour en renforcer le charme tout simplement. Mais le résultat reste passionnant et d’une haute tenue. Il faut jouer du Montgeroult. Elle en vaut la peine.


Le site de Nicolas Horvath


Stéphane Guy

 

 

 

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