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11/30/2021
«Vêpres de Saint Jacques. Nouvelle-Espagne XVIe-XVIIIe s.»
Vox Cantoris, Jean-Christophe Candau (direction)
Enregistré en l’église Saint-Eloi, Fresnes (juillet 2020) et en l’église Saint-Pierre, La Réole (septembre 2020) – 64’30
Psalmus PSAL039 (distribué par Socadisc) – Notice en français, anglais et espagnol


Must de ConcertoNet





La notice de ce disque manque singulièrement de soin. On a droit à la traduction des chants latins, que personne ne lit, alors qu’on ne comprend pas grand-chose à l’organisation des pièces enregistrées. Elles sont réputées provenir d’un couvent mexicain de religieuses conceptionnistes arrivées dans les bagages d’Hernan Cortés en Amérique centrale en 1530. Mais on ne saisit pas d’où viennent les plages 4, 6, 8 et 11 du disque. En connaît-on les compositeurs ou sont-elles anonymes comme il est indiqué pour les pages reprises aux plages 2, 7 et 9 ? La première pièce, pour orgue, est de Francisco Correa de Arauxo. Il n’a pourtant rien à voir avec la Nouvelle-Espagne, sous-titre de la pochette. Francisco Guerrero, auteur du Psaume CIX (plage 3) était aussi de Séville, de même que Cristóbal de Morales, auteur du Magnificat à six tons de la plage 10. Quant à l’organiste Antonio de Cabezón, auteur des Vers du sixième ton (plage 10 également), il était castillan et il ne semble pas qu’il ait mis non plus les pieds au Mexique. Rien n’indique que ces auteurs aient écrit pour la Nouvelle-Espagne. Et on ne saisit pas bien pourquoi ces pièces ont été insérées dans ces «Vêpres de Saint Jacques». Leur présence dans une bibliothèque conventuelle suffit-elle vraiment ? Bref, un peu plus de clarté ou de pédagogie n’aurait pas fait de mal.


Par ailleurs, l’orgue utilisé n’est en rien mexicain ; il provient d’un monastère situé entre Saragosse et Madrid et est de surcroît postérieur de deux siècles aux pièces interprétées alors qu’il existe des orgues anciennes au Mexique, comme le montrera sans doute Arnaud De Pasquale lorsqu’il fera étape à n’en pas douter en Amérique centrale dans le cadre de sa tournée des orgues du monde pour Harmonia Mundi, déjà brillamment commencée (voir ici).


Enfin, la notice a été à peine relue. Le texte français de la page 9 est incomplet : sa dernière phrase est tronquée ; il faut se reporter aux versions anglaise ou espagnole pour connaître la suite.


Mais tout n’est pas sans intérêt, loin de là. La notice nous narre même une histoire absolument extraordinaire : cet orgue de 1768 du monastère de la Madre de Dios de Buenafuente del Sistal est à Fresnes, à moins de 20 kilomètres de Paris ! Abandonné vers 1835, démonté dans les années 1970, partiellement restauré par les frères Desmottes à la fin des années 1990, il a été finalement vendu en 2012 (à la fondation L’Art de la fugue) et réinstallé à Saint-Eloi de Fresnes (fin 2014), une église datant du Seizième siècle mais ayant été restaurée au Dix-neuvième et rénovée en 1953, pour un résultat architectural plutôt médiocre d’ailleurs.


Et, là est l’essentiel, le disque est admirable. Le son de l’orgue, dont la plupart des tuyaux sont d’origine, parfaitement capté, est d’abord d’une grande beauté. Il respire l’authenticité et sa modestie sied admirablement au propos. Puis on admire la classe du chœur de Vox Cantoris, sa maîtrise des distorsions tonales, sa parfaite homogénéité, ses articulations, comme la rigueur de la direction de Jean-Christophe Candau, fondateur de l’ensemble en 2000. La présence de femmes peut surprendre mais elle semble historiquement fondée (au moins pour les œuvres polyphoniques des grandes cérémonies) ; elle confère en tout cas à l’ensemble des couleurs chaudes assez étonnantes, aussi lumineuses que celles du petit buffet de l’orgue de Fresnes. L’austérité des pièces en est ainsi tempéré et on est touché par la ferveur qui s’en dégage.


Au total, on ne peut que recommander ce disque, qui constitue à vrai dire une fort belle suite à une réalisation qui nous avait aussi beaucoup séduit et qui était consacrée, chez le même éditeur, à une messe anonyme du Dix-septième siècle et un office des complies, cette fois d’un véritable compositeur latino-américain, Juan de Lienas, deux œuvres qui illustraient déjà la richesse du partitions conservées dans les couvents de la Nouvelle-Espagne.


Le site de l’ensemble Vox Cantoris


Stéphane Guy

 

 

 

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