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11/30/2021
Johann Sebastian Bach : Sonates et Partitas pour violon seul, BWV 1001 à 1006
Fabio Biondi (violon)
Enregistré à la Fondazione Academia Montis Regalis, Mondovi (18-22 juin 2020) – 139’
Naïve V7261 – Notice en français, anglais et japonais
 Sélectionné par la rédaction
Il y a des violonistes qui enregistrent assez jeunes les Sonates et Partitas de Johann Sebastian Bach, souvent pour y revenir, sans que ce soit forcément mieux. Il y a des interprètes pourtant aguerris qui, au contraire, attendent le bon moment, qui estiment qu’il ne faut pas se précipiter et que ces monuments doivent être longuement mûris avant tout disque, le risque étant alors de manquer ledit « bon moment », comme Rostropovitch pour les Suites pour violoncelle seul du Cantor.
Fabio Biondi, fondateur et chef d’Europa Galante, un des ensembles baroques italiens les plus prestigieux, est de ceux-là puisqu’il livre sa lecture du chef-d’œuvre à 60 ans alors qu’il en interprète des pièces de longue date. Sensible à leur vitalité et leur contemporanéité, il souhaitait la partager au terme d’une réflexion historique et personnelle approfondie, nous indique-t-il en substance dans son introduction.
Les propositions ne manquent pourtant pas. On ne doit pas être loin d’une publication par mois, chaque violoniste souhaitant se confronter à l’Himalaya violonistique, le faire savoir sans nécessairement ambitionner de marquer l’histoire du disque d’une pierre blanche. Mais tous les gagnants ont tenté leur chance et les versions des grands violonistes du vingtième siècle ne sont pas nécessairement les meilleures, alors...
Fabio Biondi réussit indéniablement son pari. Certains critiqueront peut-être ses excès d’intention mais d’autres seront sensibles au charme de sa version, son sens des couleurs, son art de la nuance, sa ductilité, sa sonorité gourmande. On est loin d’une vision hiératique, abstraite. Très travaillée, et peut-être trop, elle parle pourtant immédiatement au cœur grâce à un chant constant et au sentiment de liberté qu’elle donne. Le goût de Fabio Biondi pour l’ornementation et sa préciosité sautent aux oreilles. Au-delà de son caractère éminemment baroque, on pourrait presque finalement se laisser aller à la qualifier... d’italienne. L’enregistrement, à bonne distance, sans trop de réverbération, la met en tout cas parfaitement en valeur.
On ne conseillera donc pas à Fabio Biondi de programmer d’ores et déjà un nouvel enregistrement : inutile, car celui-ci constitue un aboutissement tout à fait convaincant.
Stéphane Guy
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