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11/27/2021 Camille Saint-Saëns: Symphonie n° 3, opus 78 – Symphonie « Urbs Roma » Thierry Escaich (orgue), Orchestre philharmonique royal de Liège, Jean-Jacques Kantorow (direction)
Enregistré à la Salle Philharmonique, Liège (avril et octobre 2020) – 74’24
BIS 2470
Sélectionné par la rédaction
Après de très réussies symphonies de jeunesse, voici la seconde moitié de l’intégrale des Symphonies de Saint-Saëns par l’Orchestre philharmonique royal de Liège, enregistrée durant les heures sombres de la pandémie, en avril et en octobre de l’année dernière.
Toujours sous la direction de l’excellent Jean-Jacques Kantorow, la formation belge met en valeur la rare et assez intéressante Urbs Roma (1856), redécouverte au mitan des années 1970 et non exempte de qualités. Faisant preuve de clarté et de finesse, les musiciens en délivrent une exécution habitée et précise, minutieusement mise en place et parfaitement équilibrée. Leur très grand professionnalisme permet d’apprécier dans tous ses détails cette partition à découvrir ou à redécouvrir. Le premier mouvement, auquel le chef imprime l’impulsion adéquate, sonne avec plénitude et légèreté. Le deuxième, enlevé et juvénile, révèle toute la saveur des bois et la limpidité des cordes, ces dernières affichant beaucoup d’agilité dans le dernier mouvement. Le troisième adopte, sous la conduite pertinente du chef, un ton grave et majestueux, voire martial et tragique, du plus bel effet – Saint-Saëns a réutilisé ce passage dans sa musique du film L’Assassinat du duc de Guise.
Un bel ouvrage, mais, un peu plus de trente ans plus tard, l’inspiration et le métier atteignent en comparaison des hauteurs vertigineuses dans l’illustre Troisième «avec orgue» (1886), probablement le sommet de cet enregistrement, et même de cette intégrale. Cette interprétation à laquelle contribue le très inspiré Thierry Escaich laisse admiratif à la fois par sa perfection et par sa justesse. La version plus ancienne de Jean Martinon avec Bernard Gavoty parait même un peu moins excellente sur le plan du jeu instrumental. Révélant maints détails insoupçonnés, cette lecture d’anthologie procure un sentiment d’évidence total, même si la direction opte à la fin pour une montée dans les tempi assez surprenante au premier abord, mais fort persuasive. Il ne manque rien d’essentiel dans cette version qui a, elle seule, prouve le haut niveau de cet orchestre : grandeur, émotion, souffle, précision. Nous y retrouvons tout ce qui rend inoubliable et captivant ce jalon du répertoire symphonique.
La publication en deux disques séparés au lieu d’un double album constitue, en fin de compte, la seule réserve de cette version appelée à devenir une référence moderne, à ranger à côté du beau coffret consacré aux œuvres concertantes pour violon et violoncelle du compositeur, paru en 2013.
Sébastien Foucart
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