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10/30/2021
Claude Debussy : Children’s Corner
Frédéric Chopin : Préludes, opus 28
Modeste Moussorgski : Tableaux d’une exposition
Behzod Abduraimov (piano)
Enregistré à Berlin (janvier 2020) – 83’51
Alpha 653 (distribué par Outhere)
 Sélectionné par la rédaction
Sixième enregistrement de Behzod Abduraimov avec un généreux programme et une réussite absolue.
On suit avec énormément de passion la carrière tôt lancée de ce pianiste ouzbek de 31 ans à la technique indiscutablement fabuleuse depuis ses premiers enregistrements chez Decca commencés par un mémorable programme Liszt, Saint-Saëns et Prokofiev. Ses débuts parisiens fin 2016 dans une série de concerts pour lève-tôt ont confirmé cet intérêt jusqu’à un très décevant concert au Festival de Verbier 2021 dans lequel il jouait à un niveau sonore excessif avec une énergie incontrôlée transformant chaque morceau en course à l’abîme et une grande désinvolture à l’égard du style des compositeurs.
Bien heureusement, ce récital, son sixième enregistrement, réalisé sur un piano Steinway à Berlin pour Alpha Classics avec une prise de son admirable, vient nous remettre sur le chemin de l’admiration. D’abord avec un programme magnifique abondamment rodé au concert, au minutage généreux, qui aligne trois œuvres composées de vignettes permettant une infinité de contrastes. Aussi par une palette de sonorités magnifique, qui n’est pas la même pour chaque compositeur, passant par toutes les dynamiques des pianissimi les plus exquis chez Chopin aux fortissimi de «La Grande Porte de Kiev» chez Moussorgski. Et surtout par un art de la narration infaillible dans les trois œuvres, des évocations nostalgiques du Children’s Corner à la grandiloquence des Tableaux d’une exposition, dans lesquels il fait preuve d’une immense versatilité d’humeur et prend aussi quelques libertés avec la partition. Et dans les Vingt-quatre Préludes de Chopin également, la plus kaléidoscopique de ces trois œuvres, où il fait passer l’auditeur par tout le spectre de l’expression, avec les plus belles couleurs imaginables et une sonorité, un sens de l’harmonie qui le placent au niveau de ses collègues de l’école russe tenant aujourd’hui le haut de l’affiche.
Olivier Brunel
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